dimanche 8 octobre 2017

LORSQUE L'ENFANT PARAIT.



Certains moments de la vie nous conduisent à nous arrêter, à regarder, à nous interroger, à nous remettre en question, à regarder le passé, le présent et l’avenir de manière différente. Les jours que je viens de vivre en sont l’occasion. La providence et mes enfants m’ont fait le don d’une nouvelle petite-fille. Si ce n’étaient les circonstances de cette naissance, il n’y a là rien d’extraordinaire me direz-vous. Et pourtant, la vie qui nait et prend forme ne sont-elles pas un moment unique, d’exception ? Son surgissement est l’heure où l’on se pose la question du sens et donc de la transmission.

Face à ce qui est une des formes du destin, nous sommes partagés entre différentes tentations, dangereuses et contradictoires.

D’un côté, sans doute inspirés par ce cri alarmant d’Antoine de Saint-Exupéry dans sa lettre au général X lorsqu’il crie qu’il hait son époque de toutes ses forces, avons-nous tendance à regarder notre époque de manière négative, pessimiste. Et Dieu sait qu’il y a des raisons de le faire. Mais c’est notre monde ! Notre époque ! Celle précisément dans laquelle apparaît la vie de ces êtres qui nous sont chers. Notre devoir d’État n’est-il pas d’y réaliser notre destin et de leur transmettre ce dont ils auront besoin. Pas de nostalgie, donc ! Pas de repli sur soi. Pas de place pour les réfugiés de l’intérieur. De l’ouverture, de la lucidité, de la clairvoyance !

D’un autre côté nous avons tendance à avancer sans parfois nous poser de questions, à nous lancer, à lancer les nôtres dans la vie sans préparation, sans protection, en s’exposant, en les exposant ; en ne mesurant pas la nature des risques auxquels le monde et les autres peuvent nous exposer, les exposer. Insouciance ! Danger !

Ce soir, prenant Saint-Exupéry à contre-pieds, j’ai envie de dire à mes petits-enfants que j’aime mon époque de toutes mes forces autant par passion que par devoir. Parce que c’est la mienne, parce que c’est la leur. J’aime, je l’aime, parce que je me nourris d’espérance. Parce que je suis habité par cette conviction que rien n’est jamais négatif. Tout peut être transformé. Tout peut devenir le chemin de la vérité, de la liberté des enfants de Dieu.

O toi petit enfant tombé du ciel dans ce monde de brutes et de fous, et vous ses cousins, je vais essayer de vous montrer, et vos parents vous montreront, comment vous pourrez y trouver le bonheur, un bonheur profond, un bonheur d’êtres humains. Non par facilité, ni par insouciance. Point d’illusions. Point d’éphémères. Vous allez recevoir ce qui vous sera nécessaire pour vous préparer, pour vivre, pour aimer et à votre tour afin de transmettre. Vous goûterez cette culture faite de vrai, de beau et de bien dans laquelle vous vous forgerez une identité moderne qui vous rendra capable d’affronter l’éternité. Vous recevrez, j'en suis certain tout ce qu’il vous faudra pour rester femmes et hommes au milieu de ces robots, de ces illuminés qui transforment Dieu en un ayatollah, de ces inconscients qui font de Dieu un sage inconsistant, de ces décérébrés qui sont des addicts du consumérisme ou de l’hédonisme. Vous allez apprendre à rester hommes et femmes, à maîtriser vos vies, vos actes, vos engagements, à n’être ni des machines ni des êtres augmentés, à avoir une conscience, une vraie conscience nourrie de sagesse, de vérité et d’amour. Car c’est possible ! Parce que rien n’est impossible, même ce qui est difficile. Vous trouverez aussi des maîtres qui vous éclaireront, des modèles qui vous guideront. Vous serez je l'espère de tout mon cœur des fidèles de cette Eglise de NSJC qui est une éternelle jouvence, malgré ce que l'on peut dire et colporter, parce que "dans son sillage tout a fleuri".

Les drames de notre époque résident en plusieurs maux. Le premier est celui qui fait de nous des passagers dans la vie, de simples voyageurs sans bagages autres que ceux qui disparaissent avec la satisfaction de besoins éphémères, celle qui ne satisfait jamais. Le deuxième est celui qui consiste à ne pas admettre que le monde n’est plus ce qu’il était, à croire que l’on peut vivre aujourd’hui comme hier, de la même manière, en ne cherchant pas adapter les fondamentaux sans pour autant les relativiser. Le troisième est de s’imaginer qu’il n’y a rien de mal, que tout se vaut alors que depuis le jardin d’Éden, l’histoire de l’homme est celle de la tentation et du combat contre Lucifer. Notre époque a peur de Lucifer, alors devenant autiste elle dit qu’il n’existe pas… Vous découvrirez que ce n’est pas parce qu’on a conscience de l'existence du malin, et de notre faiblesse, qu'on serait en déni de vérité ou de réalisme comme un faux rationalisme tend à nous le faire croire.

Le mérite de ces moments où l’on retourne la source, parce que l’enfant paraît, sont de nous ouvrir les yeux sur notre responsabilité, sur le sens de notre vie et la nécessité féconde de la transmission. 

Je voulais vous faire partager la manière dont je les ai personnellement ressentis non pas par voyeurisme ou par nombrilisme, mais pour partager ces sentiments profonds avec vous qui me faites l’amitié de me lire régulièrement. Le partage, dont on nous parle tant, ne se conçoit selon moi que de l’essentiel, sinon il est fade et insipide. Le reste vole comme feuilles au vent. Il ne faut surtout pas qu’en ces temps difficiles et plein d’interrogations, nous perdions de vue que la vie a besoin de sève, de cette sève de la vigne dont l’évangile de ce dimanche nous rappelle que nous devons être les ouvriers. N’oublions pas que nous devons être les ouvriers de la dernière heure…

Oui j’aime mon époque de toutes mes forces !

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