dimanche 26 mai 2024

ATTAL/BARDELLA : JEU DE BONNETEAU?

Gabriel Attal face à Jordan Bardella. Débat attendu ; débat décrié à juste titre par FX Bellamy; débat décevant … qui a mis en exergue l’impasse dans laquelle sont entrainées l’Europe et les nations qui la constituent. Jeu de bonneteau?


Le RN a renoncé à contester la construction européenne du traité de Maastricht et la monnaie unique. Il est vrai que les liens institutionnel, économiques et financiers tissés depuis 40 ans semblent inextricables. Pendant ce temps l’Europe s’enfonce dans un fonctionnement fédéraliste irréversible et contraire à ses intérêts comme à ceux des nations qui la constituent. Impasse paradoxale alors que les peuples qui ressentent le besoin de l’Europe savent en même temps celui qu’ils ont de leurs nations.

Illustrations avec le débat.

Première illustration, la question du droit de véto qui est le rempart de la souveraineté des nations membres de l’UE. Jordan Bardella dénonça à juste titre la volonté de Renaissance d’y renoncer. Gabriel Attal lui répliqua d’une part que le droit de véto n’existe plus que sur certaines questions et d’autre part qu’il serait un empêchement au fonctionnement normal d’une UE à 27 et demain à plus. Les deux ont raison, chacun de son point de vue ; celui de l’Europe des Nations et celui de l’Europe fédérale. J’ai fait campagne contre l’approbation du traité de Maastricht avec Philippe de Villiers, Philippe Séguin, Charles Pasqua et Marie-France Garaud, cette grande dame qui vient de nous quitter, le dernier homme politique de la droite française ! J’ai participé aux élections européennes de 1994 avec Philippe de Villiers. Tout ce que nous dénoncions à cette époque s’est réalisé. L’UE fédérale qui s’est construite va dans le mur parce qu’il est impossible que l’Europe vive sans préserver l’identité des différentes nations qui la constituent. A l’époque nos adversaires nous accusaient d’être contre l’Europe. Les trois décennies écoulées démontrent que les institutions tuent à la fois l’Europe et les nations. Tel est le piège qui se referme sur ceux qui veulent accéder au pouvoir et prétendent transformer cette funeste construction européenne sans remettre en cause les traités qui l’ont conduite à cela ; le fédéralisme est inscrit dans les textes du traité de Maastricht aggravé par celui de Lisbonne. Le combat du droit de véto est perdu d’avance dans ce cadre institutionnel. C’est trop tard. 

Autre exemple, les préférences nationale et européenne. Gabriel Attal fustigea le RN et sa préférence nationale – le si décrié protectionnisme ! - qui empêcherait les entreprises françaises d’être concurrentielles sur le territoire européen. Or Emmanuel Macron et Ursula Von der Leyen mènent une politique qui a renoncé aussi à la préférence communautaire européenne au nom du libre-échange mondial. Gabriel Attal a beau dire, même habilement grâce à l'oxymore du fédéralisme et de l'identité nationale, le sens de cette politique n’est protecteur ni de l’Europe ni de ses nations. Quant à Jordan Bardella qui s’est laissé piéger dans cette fausse tenaille il nous illusionne sur la possibilité d’une préférence nationale dans une construction européenne qui n’est ni pensée ni édifiée pour protéger les nations qui la constituent et qui a renoncé à préserver son propre espace sur le plan mondial. Nous ne pouvons avoir ni la préférence communautaire ni la préférence nationale. Notre agriculture, notre pêche et notre industrie en meurent. Là encore nous sommes trop engagés dans la mâchoire du piège pour espérer en sortir sans dégâts. Encore trop tard.

Troisième exemple avec l’euro dont Gabriel Attal a souligné que Marine Le Pen avait renoncé à en sortir. Sortie qui est devenue impossible à soutenir compte tenu des imbrications qui résultent de la monnaie unique, sauf cataclysme européen ou mondial. Or dans le contexte actuel, au point où nous en sommes arrivés, nombre d’experts considèrent que si l’euro avait pu être un bon projet pour l’Europe – ce qui se discute – il n’en est plus ainsi. Notre économie est dans une telle situation d’endettement - avec une dette impossible à rembourser - et de destruction de notre industrie, qu’il est dramatique pour les Etats de ne plus disposer de l’arme monétaire nationale. De fait nos deux jeunes challengers font l’impasse sur le sujet sans doute le plus brulant sur le plan économique tant il est vrai que l’euro est condamné à court ou moyen terme … Au pouvoir ils sont ou seront désarmés pour redresser notre économie et résoudre notre endettement public et privé qui nous conduit à la faillite. Toujours trop tard.

Dernier exemple, le droit européen dont il n’a pas été directement question jeudi soir alors qu’il est un obstacle à l’expression de la souveraineté de nos nations. Sommes-nous prêts à remettre en cause son application directe comme par ailleurs la souveraineté de la CEDH ? Sur ce point au-delà des slogans le RN a « réduit la voilure » de ses ambitions tout en affirmant pouvoir par exemple mener la politique qu’il prône en matière d’immigration. Il est vrai que tout notre système juridique est dorénavant fondé sur cette hiérarchie et cette imbrication. Trop tard une dernière fois.

L’Union européenne est un vaisseau en perdition qui emmène les nations et l’Europe vers le naufrage. Les discours de nos apprentis candidats ne sont que de la poudre aux yeux et sont bien l’expression d’un jeu de bonneteau. Ils le savent ; mais ils ne peuvent pas le dire sauf à s’exclure du consensus démocratique qui consiste d'un commun accord à mettre la poussière sous le tapis; à cet égard il faut souligner les déclarations de ce dimanche du Président Macron évoquant que « notre Europe peut mourir » et soulignant que le RN est dangereux pour la République parce qu’il serait contre l’Europe alors que sa dédiabolisation a fait rentrer ce parti dans le cercle de la raison démocratique comme l’inanité du débat sur l’Europe le démontre. Mais il n'aura échappé à personne que cette dialectique vidée de son sens sert l'un comme l'autre.

L’enjeu des débats pour nos jeunes loups est la conquête du pouvoir avec la perspective sans doute angoissante – mais en sont-ils conscients ? - de devoir être le capitaine du Titanic voguant vers de mortels icebergs sans inclination possible de sa trajectoire. Leurs palabres en forme de duels sont vains. Il manque l'humilité de l'action qui nécessite réflexion et méditation et qui ne supporte pas les paroles destinées à flatter le peuple et non à le gouverner.

Dès lors il est évident que ces élections du 9 juin n’ont qu’un seul intérêt : sanctionner le gouvernement en place et la politique bavarde et prétentieuse d’Emmanuel Macron. Et à cet égard, comme le souligna Philippe de Villiers vendredi soir sur CNEWS l’entrée en campagne du premier ministre a transformé ce scrutin en un vote de confiance pour son gouvernement et sa politique. Et la volonté réitérée du Président de s’y immiscer, pathétique, juvénile et dérisoire ne fait que le confirmer. Banco !

Je sais pour qui je ne voterai pas…

Et j’espère encore qu’avec un vrai changement de « paradigme » politique et avec des dirigeants courageux - sait-on jamais? - la France parviendra avec d’autres - pourquoi pas l’Italie ? – à imposer une révision des traités et un détricotage de cet écheveau bureaucratique, idéologique et financier dans lequel nous nous sommes laissés empêtrer.

 

1 commentaire:

  1. C'est clair qu'idéalement il faudrait voter Reconquête... mais leur faiblesse numérique a pour effet immédiat de rendre ce vote équivalent à une abstention...

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