samedi 17 août 2024

MON ETE AVEC HONORE DE BALZAC.

Côté lectures, je passe mon été avec Honoré de Balzac. Je ne lis plus rien d’autre. Une véritable immersion ! Face à ce monument de la littérature j’ai été confronté à une vraie difficulté : comment écrire sur cet immense auteur ?


Je me dois au moins de vous inviter à m’imiter sachant tout le profit que vous en retirerez ; la plus belle de mes récompenses ayant été d’entendre mon petit-fils de 12 ans me confier la joie qui lui fut procurée par la lecture du « Colonel Chabert » !

Balzac est un maître. Quelle langue foisonnante, travaillée, riche, inépuisable, intarissable, jamais lassante au service d’un imagination débordante ! Les portraits, les descriptions – dont certains lui ont à tort reproché les longueurs - la connaissance de la nature, de l’histoire, de l’humanité, des mœurs, des vices et des vertus, de la société et de ses rouages, tout y est analysé, magnifié, décrypté, décortiqué sans jamais ennuyer le lecteur inévitablement passionné. Plénitude de l'art du roman !

Ses romans sont des chefs d’œuvre ; sa « comédie humaine » est une fresque sans pareil de la société de son époque. Et elle traverse le temps sans prendre une ride, ne perdant rien, ni de son intérêt ni de son acuité.

Je voudrais souligner son génie et sa maîtrise absolue du portrait moral.

La morale, chrétienne même si Honoré n’est pas à proprement parler un auteur chrétien, est l’épine dorsale de son œuvre même si au fond on ignore s’il y adhère ou pas faute de l’avoir réellement respectée dans toutes ses exigences.

Et dans son introduction à « La comédie humaine » Balzac s’explique : « J’écris à la lumière de deux Vérités éternelles : la Religion, la Monarchie, deux nécessités que les événements contemporains proclament, et vers lesquelles tout écrivain de bon sens doit essayer de ramener notre pays. »

Mais il ne moralise pas. « Balzac ne « moralise » pas en prêchant la vertu et l’utilité : son œuvre est par elle-même morale car elle est vraie, et elle est vraie car elle montre les contradictions de la vie » écrit Arlette Michel.https://urlz.fr/i0fw

Charles Maurras avait très justement observé de son côté : « Balzac a procédé à la plus extraordinaire des opérations de littérature politique et sociale : Ce n'étaient pas des idées, ce n'étaient pas des sentiments, ce n'étaient pas des mœurs que Balzac avait soufflés dans l'âme de ses lecteurs ; ou plutôt c’étaient bien des idées, des sentiments et des mœurs, mais c'étaient aussi des caractères, des personnages, des biographies toutes vives ». (Dictionnaire politique et critique)

Les héros de Balzac seraient inconcevables dans notre univers relativiste qui réduit la morale à néant en la privant de tout effet contraignant sous couvert de sincérité. Les intrigues, les drames, les déchirements, les passions maîtrisées ou vécues, sont inimaginables sans une morale inflexible qui ne soit pas remise en cause par le caprice de chacun. On ne la choisit pas; on fait avec. Dans la Comédie humaine la morale est subie autant que dominée, assumée et acceptée. D’où les drames, les déchirements. Sans morale pas de héros balzaciens ! Ils se battent mais ni ne contestent ni ne relativisent à l’aune de leur sincérité qu’ils mettent plutôt au service de leurs combats.

Son œuvre est aussi inactuelle qu’éternelle. Inactuelle parce que ses héros ne sont pas de notre époque. Nous qui relativisons la morale pour nous l’accommoder n’avons rien de commun avec sa comédie humaine. Elle nous est donc étrangère. Cependant les combats comme les débats des héros balzaciens nous captivent et nous passionnent. Car, oui, son œuvre est éternelle ; dès les premières lignes de n’importe lequel de ses romans nous sommes pris par la dimension dramatique de chacun de ses personnages dont les sentiments, les actes, les pensées, les confidences, les trahisons, les faiblesses, les tiraillements, les fidélités nous touchent et nous parlent. Tout y est vrai de cette plénitude propre à l’humanité.

Balzac réveille en nous une dimension dont nous avons perdu l’exigence comme le soutien. Il nous révèle à un « nous-même » dont nous avions oublié l’existence. Ses analyses magnifiées par la richesse de son style et sa maestria capable de faire briller ce qui le mérite et mépriser ce qui doit l’être, nous font découvrir que si la vie a un sens celui-ci se détermine par rapport à la morale. Il nous révèle en même temps que les sentiments religieux permettent à l’homme et à la femme d’atteindre les sphères sublimes du dépassement de soi et de l’éternité divine.

La vie des personnages de Balzac a un sens. Ils ne sont pas dans l’horizontalité des consommateurs. Ils sont dans la verticalité.

Mes trois dernières lectures ont été « Le cousin Pons », « La cousine Bette » et « Le lys dans la vallée ». Comment ne pas être étourdi par la puissance des portraits de ces personnages qui subliment la nature humaine et les sentiments éprouvés ? Comment ne pas aussi être affranchi de toute illusion sur la même nature humaine livrée à ses passions qu’elles soient centrées sur l’argent, l’avarice, la cupidité, la condition sociale ou l’amour ?

Balzac nous donne de l’expérience ; il nous ôte nos illusions ; il nous fait grandir.

Malgré le contexte social de son temps Balzac est résolument moderne, d’une modernité qui donne de l’épaisseur à l’humanité.  La pâte qu’il fait lever en tant qu’écrivain est constituée par la nature morale et intellectuelle de l’homme grâce à laquelle la raison retrouve la vraie puissance de son rôle structurant, sans rien oublier ni de nos passions ni de nos attachements.

En lisant cet immense classique on comprend ce qu’Albert Camus voulut exprimer en écrivant son fameux « un homme ça s’empêche », à ceci près que chez Honoré les plus héroïques sont généralement les femmes !

 

 

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