NOS SPORTIFS GAGNENT. BRAVO! ET APRES?

Les Jeux olympiques enflamment la France. Jusqu'où? Jusqu'à quand? A quoi faut-il s'attendre?

La France redécouvre les vertus de la communion … autour de ses athlètes dont il faut reconnaître qu'ils sont au rendez-vous! On peut rendre hommage à Claude Onesta le manager général de la haute performance à l’Agence nationale du sport qui avait déjà fait ses preuves auparavant en tant qu'entraineur emblématique de l'équipe de France de handball.

Mais mon sujet n'est pas la performance sportive ni le fait que la France gagne en tant que nation sportive, même si j'en suis heureux et fier.

J'imagine déjà certains d'entre vous se disant que je vais jouer les esprits chagrin et faire la fine bouche. Non! J'admire et j'apprécie les performances accumulées dans cette multiplicité de disciplines et je me réjouis des exploits des Léon Marchand, Teddy Rinner et de tous ceux qui se sont illustrés et qui le feront encore jusqu'à dimanche prochain.

Je veux m'intéresser à la France et aux français. Pas le premier d'entre eux qui de manière pathétique court après sa côte de popularité à chaque nouvelle médaille. Mais à tous ceux qui avaient le moral au plus bas à l'issue des derniers événements politiques qui ont secoué notre république et qui s'enflamment pour les dieux des stades.

Fuite en avant?

Amnésie?

Insouciance?

Inconscience?

Je nous fais penser au peuple romain s'enflammant pour les jeux dont on l'étourdissait.

Pendant ce temps nous oublions et il faut reconnaître que cela ne fait pas de mal! Peut-être que nos dirigeants et autres  députés élus se disent qu'ils pourront s'organiser plus tranquillement afin de nous anesthésier pendant encore un maximum de temps.  

Que sera la suite?

Ce qui m'inquiète c'est que pendant le même temps on nous rebat les oreilles avec la cérémonie d'ouverture et que la mise en scène se poursuit afin de franchir un cap supplémentaire dans la détestation de notre identité qui sera justifiée et sublimée au nom du succès sportif et organisationnel. 

Que les choses soient claires; je ne me plains pas des succès; bien au contraire. Mais je redoute l'exploitation qui en sera faite par la suite, avec une cérémonie de clôture dont la scénographie a encore été confiée à Thomas Jolly que l'on s'apprête à transformer en martyre de la laïcité et de l'homophobie. 

Le pouvoir ne recule devant aucune manipulation.

Le peuple est laïquement sanctifié afin d'optimiser les conditions de cette manipulation; ce qui s'appelle passer la main dans le sens du poil…

Il ne fait aucun doute que tous les états majors sont actuellement préoccupés par la manière dont ils vont pouvoir exploiter ou éviter de subir la "vague olympique".

Ne perdons pas de vue que l'acceptation du pouvoir par le peuple qui explique sa légitimité, est une fiction. Comme toutes les fictions elle est fragile et repose sur des paramètres singuliers qui constituent une sorte d'alchimie. Je vous renvoie à cet égard à l'excellent papier de Michel de Jaeghere à propos de la réédition du livre de Guglielmo Ferrero, auteur trop ignoré, "POUVOIR, LES GENIES INVISIBLES DE LA CITE".https://urlz.fr/rxX6

Nous sommes à une heure de notre République où le pouvoir doit trouver les moyens de se faire encore accepter. A cet effet il doit assoir et consolider ce qui reste de sa légitimité à savoir le renversement et la négation d'un ordre sur les ruines qu'il a provoquées et sur lesquelles il s'est installé. D'où le scénario faussement et habilement lyrique de la cérémonie d'ouverture et de ce qui nous attend encore.

Rien ne doit donc nous détourner de la lumière qu'il continue de vouloir ensevelir sous ces ruines; celle dont Viviani proclamait l'extinction:

« Nous avons éteint dans le Ciel des étoiles qu'on ne rallumera plus. Nous avons appris au travailleur, au misérable, que le Ciel ne renferme que des chimères »(René Viviani, ministre du Travail, à la Chambre des députés en 1908). 

Comme le "panem et circenses" des romains nos jeux olympiques sont tombés à pic pour offrir une opportunité à un pouvoir et une classe politique en mal de légitimité. 

A nous de rester clairvoyants sans pour autant bouder notre plaisir et notre joie de voir nos athlètes se transcender.

Avant de mettre un point final à ce billet permettez-moi de souligner l'immense émotion qui a été la mienne de voir Novak Djokovic, auteur d'un exploit retentissant en tennis, se mettre à genoux et se signer sur le court immédiatement après avoir gagné sa balle de match; belle preuve de résistance et de force face au petit monde de la décapitation et du blasphème.