Indépendamment des affaires,
la campagne française des présidentielles se réduit à un débat pour ou contre
le programme du Front National. Et l’une des questions centrales est la sortie
de l’euro. Possible ou pas ?
La monnaie unique existe. Elle
est un échec. Beaucoup d’experts sérieux s’accordent à reconnaître qu’il aurait
été préférable de poursuivre le développement de la monnaie commune, celle que
soutient Nicolas Dupont Aignan. Incapables de défendre et de justifier ce
système dont tout le monde sait qu’il explosera à plus ou moins brève échéance,
les partis dits de gouvernement, et nos experts, qui sont objectivement en
situation d’échec, réduisent cette question centrale au chantage à la sortie de
l’euro.
Personne ne sait ce qui résulterait
d’un retour aux monnaies nationales. La science économique a toujours été celle
de l’analyse des événements passés. On ne lui connaît pas de réussite
prédictive. Nos économistes n’ont jamais été capables que d’expliquer les
crises passées. Lesquels d’entre eux ont jamais un jour prévenu une grande
crise à venir ?
Ce qui est extraordinaire c’est
qu’on nous enferme dans un dilemme artificiel. Car la question de savoir si la
sortie est possible est en soi une fausse question. Par ce biais on refuse en
réalité de poser la véritable interrogation : la monnaie unique est-elle une
bonne chose ? Non le débat est clos ! Il n’y a plus à revenir dessus. Même
face à l’échec. Et pour camoufler cela, la seule solution réside dans la
dramatisation du scénario d’un retour à un système meilleur…
Or le plus fort est que
celle-là même qui prône, ou qui prônait…, la sortie de la monnaie unique, c’est-à-dire
Madame Marine Le Pen, en vient à battre en retraite. Elle se
retranche dorénavant derrière le vote d’un référendum dont elle sait qu’il se
risquerait fort de se traduire par un résultat négatif et par un refus de la
politique qu’elle propose pourtant au pays !
Voilà une question
éminemment technique, d’une extrême complexité que l’on nous demande d’arbitrer.
Comment pouvons-nous trancher une telle question ? Mythe de la démocratie quand
tu nous tiens… Aberration démocratique !
Exemple caricatural du délire
dans lequel nous sommes entretenus de manière idéologique. Car, voilà qui
revient à nous demander d’avoir des opinions et des avis sur des questions qui
dépassent notre champ de compétence, qui sont hors de notre champ de
compétence. Est-ce parce que nous sommes le peuple que nous avons le droit de
faire des choix sur des questions auxquelles nous ne comprenons rien ? Le fait
que nous soyons le peuple nous donne-t-il le droit de tout arbitrer et de tout
décider ? Quelle est cette fumisterie intellectuelle ? D’autant plus
scandaleuse qu’elle revient par surcroit à nous culpabiliser par rapport à nos
choix…
Voilà bien la démonstration
que cette campagne électorale, comme bien d’autres qui l’ont précédé, et comme
bien d’autres qui la suivront, est piégée par l’idéologie républicaine et
démocratique. Cette idéologie du système par laquelle on veut interdire toute
remise en cause de cette magnifique construction technocratique, déléguée aux
experts, et dont la gestion n’est confiée aux politiques que de manière
artificielle et superficielle. Ils sont des marionnettes privées de tout
pouvoir de décision qui se rangent derrière la légitimité de choix qu’ils nous
font assumer sans que nous en ayons les moyens ni les compétences.
A-t-on un jour demandé à une
personne qui ne sait pas conduire de rattraper le dérapage incontrôlé d’un
bolide engagé dans un rallye, ou encore de résoudre le problème posé par un
dysfonctionnement dans une centrale atomique ? A-t-on instauré un vote du
personnel hospitalier, ou des malades réunis en assemblée souveraine, pour
décider d’une intervention chirurgicale ou d’un traitement sur un malade ?
Jusqu’à quand se
moquera-t-on de nous ?
Il ne s’agit pas pour autant
de se débarrasser de la richesse de la démocratie qui a toujours été un élément
indispensable à l’équilibre politique d’une Nation et d’un État.
Mais force est de
reconnaître que dans un monde envahi par la technique, maîtrisé par la
technique, dominé par la technique, nous ne pouvons pas accepter plus longtemps
que l’on nous fasse supporter une responsabilité qui ne peut pas être la nôtre
et que l’on nous impose de faire des choix dont nous n’avons pas la compétence.
Nous avons besoin à la tête
de notre État de personnes soucieuses de l’intérêt général et animées par la
volonté de s’en remettre à des avis sages, compétents, modestes et déterminés.
Et il nous revient, à nous
simples citoyens, de choisir aux différents niveaux de responsabilités des
hommes et des femmes qui soient capables de les exercer pleinement, de manière
indépendante et au service de l’intérêt général. Voilà qui nécessite une autre
organisation de l’État ; et qui exige que la démocratie soit dégagée de sa
charge idéologique pour redevenir le choix simple et éclairé de personnes dont
les compétences et l’exercice des responsabilités soient contrôlés à tous les
niveaux de façon à ce qu’ils se trompent le moins possible ou que s’ils se
trompent, les sanctions soient rapides, immédiates et effectives.
A la place de cela, nous
avons un mirage de pouvoir soi-disant exercé au nom du peuple mais
en réalité contre lui et au mépris de ses intérêts. Oui, il s'agit d'une fumisterie démocratique!
Je ne sais si j’irai voter à
cette élection ! … Et pas seulement à cause des affaires, qui ne sont que
l’une de manifestations de l’agonie de notre si chère République….
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