Face aux avancées de la
technique et de la science, nos dirigeants libéraux se rendent à l’évidente
nécessité de fixer des règles. Bien que refusant toute morale publique ils ont décidé, sous couvert d'éthique, d’inventer une science morale nouvelle, dont ils ont confié la définition à des comités. Que faut-il en penser?
Alors que nous refusons
toute morale publique au nom de la liberté individuelle, nous assistons donc au
développement des comités d’éthique auxquels les politiques transfèrent la responsabilité
de leurs décisions, afin de préserver leur soi disant neutralité.
C'est le cas pour la PMA, la GPA, l'euthanasie. Les transhumanistes se réfèrent eux aussi à l’éthique lorsqu’il s’agit pour eux de vouloir doter les robots d’une personnalité juridique ou d’une responsabilité…
De manière classique l’éthique
est la science de la morale. Elle est encore définie comme une partie de la
philosophie qui traite de problèmes fondamentaux de la morale théorique ou
fondamentale. En clair, il ne peut pas y avoir d’éthique sans une morale.
C’est donc à n’y plus rien
comprendre… on ne cesse de nous expliquer que la morale est individuelle et on
veut nous imposer des règles d’éthique collectives!
En réalité cette éthique n’est
plus l’éthique, pour avoir été vidée de la morale.
Et, de manière révélatrice, alors que les règles d’éthique
devraient rester invariables, constantes, être des référents dans la recherche
de l’orientation de nos vies et de nos « agir », nous constatons que
les avis des comités d’éthique ne cessent d’évoluer. Pour exemple, celui qui
vient d’intervenir à propos de la PMA qui avait précédemment été rejetée…
François-Xavier Bellamy le
souligne très justement dans le Figaro-Magazine de vendredi dernier : « les sages qui le constituent (le comité d’éthique)
doivent avoir bien peu de sagesse pour que leurs convictions varient du tout au
tout, et qui plus est sur des sujets aussi essentiels… rappelons que l’éthique
de se modifie pas au gré de ce qui devient techniquement possible, ou de ce qui
paraît politiquement opportun. Ce qui est injuste ne devient pas juste parce
que les gouvernements du moment l’ont voulu. Quand on est gardien de l’éthique,
changer d’avis sur tous les sujets à intervalles réguliers pour permettre tout
ce que l’on dénonçait hier comme autant de graves transgressions, est le
symbole d’une inconséquence affligeante ».
Lors du colloque d'hier, à Saint-Raphaël, sur le transhumanisme, auquel j’ai participé avec d'autres intervenants, nous avons constaté de manière assez unanime que l’éthique,
et ses comités, deviennent des chambres d’enregistrement des progrès sociaux
ayant pour objet de nous donner bonne conscience de toutes les transgressions dont
nous nous rendons les auteurs. La morale étant remplacée par la recherche de ce qui est sociologiquement mûr, possible, acceptable.
Je crois qu’il faut refuser ces comités d’éthique et leur dénier toute autorité. C’est un piège…
Notre époque doit être
confrontée à son incohérence et à la logique de son système. S’il n’y a pas de
morale publique ou collective, il n’y a pas de raison que l’on fabrique une
éthique de confection, de circonstance, en demandant l'avis d’un aréopage sans légitimité, constitué au prix de choix arbitraires et partisans de personnes qui n’ont aucune autorité morale.
La seule solution aux problèmes épineux que nous posent les progrès de la science serait d’aller
puiser de manière pragmatique dans la loi naturelle, selon la méthode d’Aristote
et de saint Thomas d’Aquin, afin de rechercher et de déterminer ce qui est
juste pour définir le droit sans a priori ni parti pris quels qu'ils soient. Il s'agit de la méthode qui fut par exemple mise en oeuvre et imposée à Napoléon par Portalis lors de la rédaction du Code Civil.
Sur des
sujets aussi délicats et déterminants pour notre avenir, que ceux qui se
présentent à nous tant en matière de bioéthique, de médecine ou de mise en
œuvre de l’intelligence artificielle, cette sagesse
ancestrale doit pouvoir être entendue si tant est que les citoyens en revendiquent le
besoin de manière non partisane et en évitant toute stigmatisation.
La tâche n’est
objectivement pas facile car, en face, derrière la mise en œuvre de ces projets
toujours qualifiés de progrès et d’avancées sociales, des forces économiques,
idéologiques et sociologiques sont à l’œuvre qui utilisent les lobbies et les
mythes pour justifier ces évolutions transgressives.
Il s'agit de les confronter ainsi que ceux qu'ils manipulent et instrumentalisent à leur incohérence et à leur absence de légitimité.
Semper idem!...
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