dimanche 23 décembre 2018

LE "RIC": BRICOLAGE INSTITUTIONNEL ET LEURRE DEMOCRATIQUE


Les revendications populaires doivent toujours être décodées.  Elles sont le signe de causes à identifier. A défaut, même débattues savamment et de manière innovante, les réponses publiques ne résoudront rien. Il en va ainsi notamment du référendum d’initiative citoyenne.




Les français n’ont plus confiance en leurs gouvernants.  Quelle est la cause ? Les institutions ? La gouvernance ? La politique ?  Notre rapport au bien commun ? Un déficit de concertation ?  La solution est-elle d’écarter les gouvernants ou de les soumettre à un contrôle plus strict, plus exigeant ? La démocratie directe est-elle la bonne réponse ? Le « RIC » n’est-il pas lui-même la manifestation du malaise dont il ne peut pas être le remède ? N’est-ce pas un leurre que saisissant la balle au bond le pouvoir manipulateur s’apprête à lâcher au peuple ? Les débats populaires qui vont s’ouvrir sous l’égide d’institutions à bout de souffle, ne sont-ils pas une tentative de reprendre la main de la part de gouvernants qui vont mettre à nouveau en œuvre la boîte à outils technocratique ?

Les solutions sont proposées par ceux qui veulent conserver le pouvoir sous la pression de ceux qui se sentent maltraités par lui… Les premiers voulant sauver leur place et les seconds leur vie…La confusion règne….

Notre problème me semble double :

  • Nous concevons depuis trop d’années la politique comme un moyen de procurer le bonheur au peuple alors qu’elle doit plus simplement et moins prétentieusement nous mettre en mesure de l’atteindre, et surtout ne pas nous l’empêcher. Nous subissons les conséquences de cette prétention prométhéenne alors que l’exercice du pouvoir doit s’auto-limiter en vertu des principes de subsidiarité et de totalité.

  • Nous avons la religion de la démocratie alors qu’elle n’est que l’un des moyens de gouverner au même titre que l’aristocratie et la monarchie. Le peuple étant d’abord le sujet et l’objet de l’exercice du pouvoir, son besoin est que le pouvoir s’exerce dans son intérêt. Les modalités de cet exercice sont de l’ordre des moyens, donc secondaires. Notre trop grande attente de ce régime érigé en idéologie nourrit la désespérance collective face à la crise démocratique actuelle. L’espoir fou placé par les gilets jaunes dans le référendum d’initiative citoyenne est le produit de cette désillusion.
Le RIC serait un emplâtre sur une jambe de bois, un trompe-l’œil. La solution ne peut pas se réduire pas à un bricolage institutionnel. On ne gouverne pas par référendum ! Nous ne sommes pas la Suisse.

La France est violente et passionnée. Ses institutions ont toujours été élaborées pour permettre l’exercice d’un pouvoir au sortir d’une crise politique. L’histoire en atteste. Plutôt que d’institutions la France est née d’une volonté politique, de l’art politique français. La crise actuelle elle-même est politique. La France souffre d’une désintégration politique. La solution ne peut être que politique.…

Il faut revenir aux analyses de Christophe Guilluy même si elles ne donnent pas les solutions. Le schisme populaire de la « no society » est posé. Il intervient au moment de l’explosion des défis techniques, des bouleversements de la connexion généralisée et de l’accès à une information prolifique, de la financiarisation de nos économies, de la nécessaire conciliation entre le besoin du cadre national et la mondialisation et enfin de l’obligation de faire face aux enjeux écologiques. Tout est lié. Le défi est historique. Le monde de demain sera disruptif. La voix de la France est attendue. Elle peut montrer la voie… La voie d’une politique retrouvée.

La France est fille de Rome, d’Athènes et de Jérusalem. Elle est fille aînée de l’Eglise. Sa révolution a mis le feu au monde qui a reconnu en elle un éclaireur. Tel est son « adn » politique. Puissance économique de second rang elle a toujours eu un rôle moteur dans l’histoire. Elle est une référence.

Nos considérations politiciennes et nos bricolages institutionnels sont à des années lumières des attentes du temps qui s’ouvre. La parole publique est engagée. La sagesse et le souci de la tradition seront nécessaires, comme de la voix de nos vraies élites qu’il va falloir identifier et reconnaître. Il nous faudra de l’ambition, de l’humilité et nous mettre à l’écoute des vrais besoins du peuple et non pas de ceux dictés par le dogmatisme idéologique, le conformisme et les principes de la doxa qui nous ont conduits dans l’impasse actuelle. Car l’heure est celle de la renaissance.

Espérons que la joie de Noël, le bain de jouvence dans l’esprit de pauvreté de la naissance comme le plus pauvre des mortels du Dieu fait homme nous donneront la grâce de la clairvoyance et de l’esprit de charité qui doivent présider à une réflexion aussi essentielle. Quoi de plus logique pour un peuple qui plongea avec Clovis son roi dans l’eau baptismale et qui vit depuis tant de siècles sous la protection de sa Sainte patronne, mère de cet enfant Jésus que nous allons adorer dans la nuit du 24 décembre!

Joyeux et Saint Noël à vous tous, et à la France!










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