dimanche 17 février 2019

LA DÉFIANCE ET SES PROTHÈSES


Société de la défiance ; épuisement de la confiance à tous les niveaux. Tel est le leitmotiv ambiant dans la France de 2019...



Faute de confiance nous ne «faisons» plus société. Les institutions et ceux qui les incarnent ont perdu leur légitimité. Les élites sont décriées, injuriées. Cercle infernal faute de vraie remise en question.

Les signes de la déliquescence du pouvoir politique, et de sa technocratie entretenue à grands frais, sont nombreux.

Pour survivre le pouvoir ne cesse de multiplier les conseils et les comités en tous genres. Des experts et des sages sans onction populaire ni d'aucune sorte se voIent assigner la mission de re-légitimer l'action publique discréditée.

Le « grand débat » est une excellente illustration. Le pouvoir y cherche une nouvelle légitimité alors qu’il vient à peine d’être élu… Trouvera-t-il un nouveau souffle dans cet exercice inconnu de dialogue républicain à mi chemin entre la thérapie de groupe et la campagne électorale ? Quelle en est la justification ? La nature ? La légitimité ? Que va-t-il en sortir? Le pouvoir cherche à se sauver sans remettre en cause ses fondamentaux. Pas de mise à plat de la fiscalité. Pas d'abandon de la technique de mise au pas de la société au moyen des normes et des textes. Pas d'opération vérité sur l'immigration. Pas de soutien aux vrais corps intermédiaires...

Que dire de cette autre et curieuse institution du défenseur des droits qui permet à Jacques Toubon d'occuper sa retraite à nos frais? Comme si les droits n’étaient pas efficacement et suffisamment défendus par les auxiliaires de justice et par l’institution judiciaire…, sauf à admettre que ceux-ci ne servent plus à rien ! Institution ambiguë, positionnée au carrefour de l'avocat, du juge, du conseil constitutionnel, du conseil d'état ou de l'association de consommateurs il joue le rôle d'une prothèse face à la faillite de la justice.

Le pouvoir conquis par les médias illustre aussi ce phénomène à sa manière. Prenons l’exemple de Edwy Plenel et de MEDIAPART à juste titre dénoncés par Éric Dupond Moretti dans sa récente interview par Élisabeth Lévy pour le magazine CAUSEUR. Voilà des journalistes qui s’érigent en autorités morales, en inquisiteurs de la république, en garde-fou du bon fonctionnement de l’institution judiciaire sans qui la justice ne pourrait plus être rendue ! Nouveaux procureurs ; nouveaux juges… Le secret de l’instruction est bafoué en permanence avec la complicité passive du pouvoir politique, alors qu’il faudrait soi-disant défendre le secret des sources de la presse ! Singulière substitution! Il est vrai que le jugement médiatique a souvent plus de poids que le jugement rendu quelques années plus tard…
  
Les institutions sont en faillite. Nos édiles leur cherchent un second souffle au moyen de techniques qui relèvent du replatrage Et la montée de l'intolérance, notamment à travers l'antisémitisme dont A Finkielkraut vient d'être victime, n'est pas faite pour rassurer, tant elle manifeste l'impuissance de nos gouvernants à enrayer les dérives d'un peuple à la dérive.

Jusqu'à quand cela tiendra-t-il? Car la question, la seule question, est de savoir combien de temps vont perdurer les plans de substitution, les prothèses imposées par la défiance, et élaborées par la technocratie pour prolonger la survie artificielle d'un État paralysé. 



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