dimanche 10 février 2019

POURQUOI N’ENLÈVE-T-IL PAS SA CASQUETTE?


Pourquoi garde-t-il sa casquette ?


Je suis bégueule, je sais. Vieux jeu aussi, c’est entendu. Conformiste? ... Je ne crois pas…

Je n’arrive pas à m’y faire. Pourquoi n’enlève-t-il pas sa casquette ? Il est sur un plateau de télévision. Il répond à un journaliste. Il vient de dire bonjour à une actrice qui pourrait être sa mère. Il n’a pas d’éducation…. Il cède à une mode, celle de la provocation ; c’est lui qui est conformiste, certainement…

Voyant cette scène affligeante mais qui ne choque plus personne, je me remémore un vieux souvenir ; c’était sur le cours Mirabeau à Aix-en-Provence, des messieurs portant élégamment leur chapeau l enlevaient d’un geste simple et discret à chaque fois qu’ils croisaient une dame, même inconnue. C’est vieux et passé de mode…. Mais cela respirait un air de civilisation… Quel contraste avec ce rappeur sans doute talentueux…

Je porte moi aussi le chapeau l’hiver quand il fait froid, et je n’arrive pas à saluer une personne sans me décoiffer ce qui menace d’exposer ma calvitie avancée à un coup de froid hivernal… Coincé dans mes principes ? Traditionaliste ? Conservateur ? Nostalgique d’un temps regretté ?

Et lui, il garde sa casquette sur la tête alors qu’elle ne lui sert à rien… comme le joueur de tennis qui en prote une, à l’envers ! ..., alors qu’il n’y a pas de soleil, et qui finit sa partie sans être capable de la retirer pour saluer celui qui vient de le battre ou qu’il a vaincu, comme l’arbitre, sans parler du public.

Mais finalement pourquoi me mettre martel en tête ? À quoi bon ? Quelle importance cela a-t-il ? Ne s’agit-il pas que de convenances, d’habitudes idiotes, n’ayant ni justification ni sens profond ?  

Il en va de même avec le souci de l‘élégance, de la politesse et de la correction. 

Pourquoi faudrait-il contester la liberté de ce jeune chanteur de porter sa casquette en signe d’identification ? Il a bien le droit de faire ce qu’il veut, après tout ! Il ne m’a fait pas de mal….

Pourtant..., n'est-ce pas en grande partie pour les autres que l’on prend, que l’on prenait…, le soin de se vêtir soigneusement…. Et celui qui porte la casquette n'a aucune élégance.

Son attitude est le signe de la fin d’une civilisation ; la civilisation du respect. Et que nous devons préserver ces détails qui font la civilisation autant que les œuvres d’art…

Lorsque j’enlève mon chapeau je manifeste mon respect pour l’autre, alors que lui quand il garde sa casquette de manière ostentatoire, il manifeste à ses interlocuteurs qu’il n’y a que lui qui compte et l’intéresse !

Combien nombreux sont ceux qui badent cette liberté qu’ils ne se reconnaissent pas mais qu’ils concèdent à leurs enfants…

Le mépris des conventions sociales comme d'ailleurs le laisser-aller avec lequel nous renonçons progressivement à les défendre et à les faire vivre sont significatifs.

Mon jugement n’est pas le fait d’un nostalgique rétrograde qui voit toujours le mal partout. Je crois pouvoir dire qu’il est celui d’un homme dont tous les pores de sa peau et les réflexions de son esprit ressentent la nécessité de manifester son respect pour les autres, son attachement à eux, le prix donné à la merveille que constitue la relation avec son prochain. 

La relation à l’autre doit être soignée, préservée, embellie, agrémentée, auréolée de tout ce qu’il y a de plus délicat et de plus beau… pour signifier que c’est précisément en elle que ce fonde le prix infini de la vie sociale.

Semper idem !


7 commentaires:

  1. bonjour maître: un très beau discours sur ce que devient la société actuelle ou les valeurs et les principes moraux se perdent.je prends toujours plaisir a vous lire

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  2. Ce que vous décrivez, c'est le monde d'avant. C'est ce que m'a répondu, un type qui avançant droit devant lui sur le trottoir m'a télescopée et quand je lui faisais remarquer que la bienséance eut voulu qu'il s'écarte, m'a répondu : "c'est fini ça, Madame, ça c'était avant". J'ai répliqué que pour lui, peut-être, là où il vit, mais pas chez moi. Pour ne pas être taxée de raciste, je ne vous dirai pas que sa civilisation n'est pas la mienne, ni son éducation, ni sa religion.

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  3. Cher Monsieur
    Je lis régulièrement vos réflexions et si je ne partage pas toujours vos options, je pense qu'elles présentent l'avantage d'être toujours soucieuses de profondeur, tant sur le plan philosophique que dans votre domaine professionnel propre. Cette fois, je voudrais apporter un élément de réflexion supplémentaire, qui m'est revenu spontanément à l'esprit: il s'agit d'une lecture tirée d'un livre de J.M. Petitclerc, Prêtre Salésien. Un paragraphe touche directement la problématique de la casquette, mais il était bon de le remettre dans son contexte. Je vous salue cordialement, fr. Gilles
    Citation:
    "A la question : « Dans le paysage de notre culture contemporaine qui insiste tellement sur l’exigence du respect de l’homme, ne serait-il pas préférable de dire « respectez vos ennemis » plutôt que « aimez vos ennemis » ? Voilà ce que répondait Jean-Marie-Petitclerc (dans son livre « Mon combat contre la violence », Entretiens avec Yves de Gentil-Baichis, Bayard, 2005, p. 119 :
    « Aimer, ce n’est pas forcément éprouver de la sympathie, ce sentiment qui nous fait vibrer ensemble, l’autre et moi. Des jeunes me sont plus ou moins sympathiques. Mais aimer, c’est toujours respecter, accepter l’autre de manière authentique.
    Le respect est pour moi une valeur tout à fait fondamentale et je préfère ce terme à celui de « tolérance » que l’on utilise souvent aujourd’hui. Quand je dis que je tolère mon voisin, cela signifie que je le supporte sans trop faire d’histoire et seulement pour éviter les ennuis. Le respect est une attitude beaucoup plus positive à l’égard de l’autre et l’on en connaît la valeur inestimable puisque tout le monde exige d’être respecté. Les jeunes se plaignent de ne pas être respectés par leurs professeurs, ceux-ci voudraient être respectés par les élèves et il en va de même pour les parents qui ne se sentent guère respecté par les enseignants.
    Chacun veut être respecté, mais les codes exprimant le respect ne sont pas les mêmes chez tous. Par exemple, un adulte pensera qu’un jeune qui garde sa casquette en s’adressant à lui ne le respecte pas. Or pour le jeune, garder sa casquette signifie simplement qu’il veut se sentir à l’aise en s’adressant à l’adulte.
    J’ai été frappé par un incident le jour où j’ai accompagné un élève africain dans son collège après une exclusion de trois jours à la suite d’un comportement violent. Nous sommes reçus par le principal du collège et il sermonne le garçon qui ne cesse de fixer ses chaussures. Vexé, le principal hausse le ton et reproche au jeune de ne pas le regarder quand il lui parle. J’explique alors que, dans la culture africaine, quand on reconnaît ses torts, on ne croise pas le regard de l’autre. Pour ce garçon, regarder ses chaussures quand le principal parlait était un signe de respect. »
    Ainsi, au Valdocco, si je m’adresse à un groupe de jeunes métropolitains à la suite d’un vol ou d’une bagarre, je cherche à croiser leurs regards, car je montre ainsi l’importance que j’attache à chacun. Au contraire, si j’ai devant moi des jeunes maghrébins, je regarde le plafond ou la fenêtre, car celui dont je croiserais le regard se croirait accusé. Le respect passe donc par une connaissance de la culture et des codes qui ont de la valeur pour l’autre."

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    1. Merci pour cette enrichissante contribution

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    2. Ce qui veut dire, si j'ai bien suivi, qu'en France, on ne peut plus opposer aux jeunes de nos écoles, nos règles de savoir-vivre, nos codes et nos lois ? Ils ne s'intégreront donc jamais, s'ils ne les acceptent pas ou si on n'arrive pas à les imposer ; ils vivront dans un monde parallèle, celui des cités où nos services sociaux, notre police ne peut plus aller. Les conséquences de ce renoncement, on les voit aujourd'hui.

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  4. Je me désabonne, vous ne répondez jamais aux mails, vous faites un choix très élitiste de vos abonnés

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  5. Le fait de se découvrir est une pratique qui vient du moyen-âge et vous en trouverez les explications sur ce merveilleux outil qu'est internet. Je pense qu'enlever sa casquette n'est pas une marque de respect mais une pratique d'un autre âge. C'est un "vieux" monsieur de 70 ans resté jeune et portant casquette qui vous le dit.

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