L’actualité l’emporte mais ne me fait pas perdre mon fil estival tant les fables de Jean de La Fontaine sont intemporelles! Telle LE CHAT LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN.
Il nous avait pourtant prévenus dans LES FRELONS ET LES MOUCHES A MIEL[i] :
« Plût à Dieu
qu'on réglât ainsi tous les procès !
Que des Turcs en cela
l'on suivît la méthode !
Le simple sens commun
nous tiendrait lieu de Code :
Il ne faudrait point tant de frais ;
Au lieu qu'on nous mange, on nous
gruge,
On nous mine par des longueurs :
On fait tant, à la
fin, que l'huître est pour le juge,
Et les écailles pour
les plaideurs. »
Nous vivons ce que vous avez tant dénoncé, en pire ! Oui
on nous mange, on nous gruge, on nous mine….
Avec le nouvel assassinat d’un prêtre notre Nation signe l’aveu
de la déconfiture de l’Etat dans l’accomplissement de son œuvre de Justice.
Si les juges ont peut-être leur part de responsabilité,
qu’il n’est pas question pour moi de nier, c’est d’abord notre droit qui est en
cause.
Le droit en tant qu’il est l’objet de la Justice. Les
deux sont liés, nécessairement liés. Or nous avons rompu ce lien en entretenant
un système légal qui ne cherche plus à rétablir ce qui est juste. D’une justice
élémentaire comme celle ni coercitive ni violente de LA COLOMBE ET LA FOURMI[ii].
Le droit qui n’est plus qu’une
compilation erratique de textes, sans cohérence ni logique, ne se définit que par un arbitrage abstrait voir abscons entre intérêts divergents, sous le contrôle de l’idéologie républicaine et
démocratique.
Quelle meilleure illustration de ce « fiasco » que
la déclaration de notre inénarrable ministre de l’intérieur, celui de la
Justice ayant préféré se taire… :
« Cet étranger n’était pas expulsable malgré
son arrêté d’expulsion tant que son contrôle judiciaire n’était pas levé ».
Certains ont eu beau jeu de souligner qu’il suffisait
donc de commettre un délit pour se mettre à l’abri de son expulsion lorsqu’on
est en situation irrégulière ! Mais il faut aller plus loin.
Cette affaire dramatique, car la France a une mort sur la
conscience dont elle peut pour le coup demander pardon …, révèle que notre
Droit, dont font partie les procédures - essentielles pour la protection des
libertés individuelles et des droits de la personne - est devenu un champ de
bataille de lois et de règlements complexes, inextricables, contradictoires, nécessitant
des interprétations sources de confusions et créatrices de situations
ubuesques.
De plus nos lois et nos règlements sont soumis à l’arbitrage
des juges nationaux du Conseil d’Etat et du Conseil Constitutionnel, mais aussi
internationaux en particulier de la CJCE et de la CEDH. Ce sont ces juges qui
sont aujourd’hui les arbitres de la conformité de notre Droit avec les
principes proclamés dans les constitutions, les conventions internationales et
les traités.
Ainsi dès lors que l’on élargit le champ de la réflexion
constate-t-on que :
- Notre droit est en proie au règne de la technique juridique et des sophistes en tous genres dont le monde judiciaire ne manque pas…, qui se complaisent dans la manipulation de textes confus et contradictoires.
- Nous
avons abandonné la définition de ce qui est juste à des juges qui n’ont aucune
légitimité autre que celle résultant de leur formation et de leur désignation.
Voilà comment il devient possible que des juges et le
pouvoir exécutif chargé de l’exécution de leurs décisions laissent en liberté
sur notre sol des individus dangereux qui n’y ont aucun droit de séjour. Et ce
n’est qu’un cas extrême il est vrai…, pour tant de situations scandaleuses que l’on
rencontre journellement et dont on pourrait faire un triste et révoltant
inventaire à la Prévert !
Abandonnée par le droit la Justice a perdu le nord. Nous
en payons les conséquences.
Au-delà du scandale insupportable de ce nouveau meurtre d’un
homme de Dieu c’est en réalité le pouvoir qui globalement a aussi perdu le
nord.
Or le pouvoir, l’Etat, la justice ont des comptes à
rendre. Dominique Reynié l’exprime très bien[1] :
« Parmi ces valeurs chrétiennes, on
trouve : l’universalité de la condition humaine ; l’égalité entre les
individus, notamment entre les hommes et les femmes ; l’idée que le politique a
des comptes à rendre et doit donc être juste, modéré, contenu par sa puissance
et dans ce qu’il est capable de faire par le respect de la dignité des
individus ».
Notre système juridique et plus généralement notre Etat ont
besoin d’une autorité régulatrice.
L’ancien régime avait l’Eglise, ce qui entraina bien des
turbulences mais permit une réelle stabilité dès lors que cette dernière ne s’immisçait
pas dans l’exercice du pouvoir temporel .
La république quant à elle a petit à petit fait le choix
des idéaux républicains et des juges. Nous voyons le résultat…
Et si nos juges, produits d'un système ubuesque, étaient les Grippeminaud[iii] des
temps modernes ?
Nous laisserons-nous croquer encore longtemps dans ce qui
n’est plus qu’un simulacre de justice ?
Car il serait temps de cesser de rêver comme nous l’enseigne notre ami dans LE LOUP ET LES BREBIS[iv] :
Nous pouvons conclure de là
Qu'il faut faire aux méchants guerre
continuelle.
La paix est fort bonne de soi :
J'en conviens ; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi ?
[1] https://fr.aleteia.org/2021/07/07/dominique-reynie-le-christianisme-est-la-religion-la-plus-persecutee-du-monde/
[i] LES
FRELONS ET LES MOUCHES A MIEL
..A l'œuvre
on connaît l'artisan.
Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent,
Des
Frelons les réclamèrent,
Des
Abeilles s'opposant,
Devant certaine Guêpe on traduisit la cause.
Il était malaisé de décider la chose :
Les témoins déposaient qu'autour de ces rayons
Des animaux ailés, bourdonnants, un peu longs,
De couleur fort tannée et tels que les Abeilles,
Avaient longtemps paru. Mais quoi ! dans les Frelons
Ces
enseignes étaient pareilles.
La Guêpe, ne sachant que dire à ces raisons,
Fit enquête nouvelle, et pour plus de lumière,
Entendit
une fourmilière.
Le point
n'en put être éclairci.
De grâce,
à quoi bon tout ceci ?
Dit une
Abeille fort prudente,
Depuis tantôt six mois que la cause est pendante,
..Nous voici comme aux premiers jours ;.
Pendant
cela le miel se gâte.
Il est temps désormais que le Juge se hâte :
N'a-t-il
point assez léché l'ours ?
Sans tant de contredits et d'interlocutoires,
Et de
fatras, et de grimoires,
Travaillons, les Frelons et nous :
On verra qui sait faire, avec un suc si doux,
Des
cellules si bien bâties.
Le refus
des Frelons fit voir
Que cet
art passait leur savoir ;
Et la Guêpe adjugea le miel à leurs parties.
Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès !
Que des Turcs en cela l'on suivît la méthode !
Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code :
Il ne
faudrait point tant de frais ;
Au lieu
qu'on nous mange, on nous gruge,
On nous
mine par des longueurs :
On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,
Et les écailles pour les plaideurs.
[ii] LA
COLOMBE ET LA FOURMI
Le long d'un clair ruisseau buvait une Colombe,
Quand sur l'eau se penchant une Fourmi y tombe.
Et dans cet océan l'on eût vu la Fourmi
S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La Colombe aussitôt usa de charité :
Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive.
Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus.
Ce Croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu'il voit l'Oiseau de Vénus
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu'à le tuer mon Villageois s'apprête,
La Fourmi le pique au talon.
Le Vilain retourne la tête :
La Colombe l'entend, part, et tire de long.
Le soupé du Croquant avec elle s'envole :
Point de Pigeon pour une obole.
[iii] LE
CHAT, LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN
Du palais d’un jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
S'empara ; c’est une rusée.
Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée.
Elle porta chez lui ses pénates un jour
Qu’il était allé faire à l’Aurore sa cour
Parmi le thym et la rosée.
Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,
Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.
La Belette avait mis le nez à la fenêtre.
« Ô Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ? »
Dit l’animal chassé du paternel logis :
« Ô là, Madame la Belette,
Que l’on déloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays. »
La Dame au nez pointu répondit que la terre
Était au premier occupant.
C’était un beau sujet de guerre
Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu'en rampant.
« Et quand ce serait un royaume
Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
En a pour toujours fait l’octroi
À Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi. »
Jean Lapin allégua la coutume et l’usage.
« Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis
Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils,
L’ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean transmis.
Le premier occupant est-ce une loi plus sage ?
— Or bien sans crier davantage,
Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis.
C’était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas.
Jean Lapin pour juge l'agrée.
Les voilà tous deux arrivés
Devant sa majesté fourrée.
GrippeminaudNote 4 leur dit : « Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause. »
L’un et l'autre approcha ne craignant nulle chose.
Aussitôt qu’à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l’un et l’autre.
Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois
Les petits souverains se rapportant aux rois.
[iv] LES LOUPS ET LES BREBIS
Les Loups firent la paix avecque les Brebis.
C'était apparemment le bien des deux partis :
Car, si les Loups mangeaient mainte bête égarée,
Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits.
Jamais de liberté, ni pour les pâturages,
Ni d'autre part pour les carnages :
Ils ne pouvaient jouir, qu'en tremblant, de leurs biens.
La paix se conclut donc ; on donne des otages :
Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis leurs Chiens.
L'échange en étant fait aux formes ordinaires,
Et réglé par des Commissaires,
Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats
Se virent Loups parfaits et friands de tuerie,
Ils vous prennent le temps que dans la bergerie
Messieurs les Bergers n'étaient pas,
Étranglent la moitié des Agneaux les plus gras,
Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.
Ils avaient averti leurs gens secrètement.
Les Chiens, qui sur leur foi, reposaient sûrement,
Furent étranglés en dormant :
Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent.
Tout fut mis en morceaux ; un seul n'en échappa.
Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle.
La paix est fort bonne de soi :
J'en conviens ; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi ?
Nous avons laissé l’autorité judiciaire devenir un pouvoir ! Nous avons laissé la justice européenne s’emparer de notre souveraineté !
RépondreSupprimerMais les lois, ça se change, les traités, ça se renégocie…
Puissions-nous en tirer les conséquences !
Réforme Badinter du Code Pénal + ""les Juges sont là pour dire le droit, non la Justice"" = Houlala
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