mercredi 11 août 2021

LE PERE OLIVIER MAIRE VICTIME DES GRIPPEMINAUD DES TEMPS MODERNES.

L’actualité l’emporte mais ne me fait pas perdre mon fil estival tant les fables de Jean de La Fontaine sont intemporelles! Telle LE CHAT LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN.


Il nous avait pourtant prévenus dans LES FRELONS ET LES MOUCHES A MIEL[i] :

« Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès !

Que des Turcs en cela l'on suivît la méthode !

Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code :

        Il ne faudrait point tant de frais ;

        Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge,

        On nous mine par des longueurs :

On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,

Et les écailles pour les plaideurs. »

 

Nous vivons ce que vous avez tant dénoncé, en pire ! Oui on nous mange, on nous gruge, on nous mine….

Avec le nouvel assassinat d’un prêtre notre Nation signe l’aveu de la déconfiture de l’Etat dans l’accomplissement de son œuvre de Justice.

Si les juges ont peut-être leur part de responsabilité, qu’il n’est pas question pour moi de nier, c’est d’abord notre droit qui est en cause.

Le droit en tant qu’il est l’objet de la Justice. Les deux sont liés, nécessairement liés. Or nous avons rompu ce lien en entretenant un système légal qui ne cherche plus à rétablir ce qui est juste. D’une justice élémentaire comme celle ni coercitive ni violente de LA COLOMBE ET LA FOURMI[ii].  Le droit qui n’est plus qu’une compilation erratique de textes, sans cohérence ni logique, ne se définit que par un arbitrage abstrait voir abscons entre intérêts divergents, sous le contrôle de l’idéologie républicaine et démocratique.

Quelle meilleure illustration de ce « fiasco » que la déclaration de notre inénarrable ministre de l’intérieur, celui de la Justice ayant préféré se taire… :

« Cet étranger n’était pas expulsable malgré son arrêté d’expulsion tant que son contrôle judiciaire n’était pas levé ».

Certains ont eu beau jeu de souligner qu’il suffisait donc de commettre un délit pour se mettre à l’abri de son expulsion lorsqu’on est en situation irrégulière ! Mais il faut aller plus loin.

Cette affaire dramatique, car la France a une mort sur la conscience dont elle peut pour le coup demander pardon …, révèle que notre Droit, dont font partie les procédures - essentielles pour la protection des libertés individuelles et des droits de la personne - est devenu un champ de bataille de lois et de règlements complexes, inextricables, contradictoires, nécessitant des interprétations sources de confusions et créatrices de situations ubuesques.

De plus nos lois et nos règlements sont soumis à l’arbitrage des juges nationaux du Conseil d’Etat et du Conseil Constitutionnel, mais aussi internationaux en particulier de la CJCE et de la CEDH. Ce sont ces juges qui sont aujourd’hui les arbitres de la conformité de notre Droit avec les principes proclamés dans les constitutions, les conventions internationales et les traités.

Ainsi dès lors que l’on élargit le champ de la réflexion constate-t-on que :

  •        Notre droit est en proie au règne de la technique juridique et des sophistes en tous genres dont le monde judiciaire ne manque pas…, qui se complaisent dans la manipulation de textes confus et contradictoires.
  •        Nous avons abandonné la définition de ce qui est juste à des juges qui n’ont aucune légitimité autre que celle résultant de leur formation et de leur désignation.

Voilà comment il devient possible que des juges et le pouvoir exécutif chargé de l’exécution de leurs décisions laissent en liberté sur notre sol des individus dangereux qui n’y ont aucun droit de séjour. Et ce n’est qu’un cas extrême il est vrai…, pour tant de situations scandaleuses que l’on rencontre journellement et dont on pourrait faire un triste et révoltant inventaire à la Prévert !

Abandonnée par le droit la Justice a perdu le nord. Nous en payons les conséquences.

Au-delà du scandale insupportable de ce nouveau meurtre d’un homme de Dieu c’est en réalité le pouvoir qui globalement a aussi perdu le nord.

Or le pouvoir, l’Etat, la justice ont des comptes à rendre. Dominique Reynié l’exprime très bien[1] :

« Parmi ces valeurs chrétiennes, on trouve : l’universalité de la condition humaine ; l’égalité entre les individus, notamment entre les hommes et les femmes ; l’idée que le politique a des comptes à rendre et doit donc être juste, modéré, contenu par sa puissance et dans ce qu’il est capable de faire par le respect de la dignité des individus ».

Notre système juridique et plus généralement notre Etat ont besoin d’une autorité régulatrice.

L’ancien régime avait l’Eglise, ce qui entraina bien des turbulences mais permit une réelle stabilité dès lors que cette dernière ne s’immisçait pas dans l’exercice du pouvoir temporel .

La république quant à elle a petit à petit fait le choix des idéaux républicains et des juges. Nous voyons le résultat…

Et si nos juges, produits d'un système ubuesque, étaient les Grippeminaud[iii] des temps modernes ?

Nous laisserons-nous croquer encore longtemps dans ce qui n’est plus qu’un simulacre de justice ?

Car il serait temps de cesser de rêver comme nous l’enseigne notre ami dans LE LOUP ET LES BREBIS[iv] :

Nous pouvons conclure de là

Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle.

            La paix est fort bonne de soi :

            J'en conviens ; mais de quoi sert-elle

            Avec des ennemis sans foi ?






[1] https://fr.aleteia.org/2021/07/07/dominique-reynie-le-christianisme-est-la-religion-la-plus-persecutee-du-monde/



[i] LES FRELONS ET LES MOUCHES A MIEL

 

      ..A l'œuvre on connaît l'artisan.

Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent,

        Des Frelons les réclamèrent,

        Des Abeilles s'opposant,

Devant certaine Guêpe on traduisit la cause.

Il était malaisé de décider la chose :

Les témoins déposaient qu'autour de ces rayons

Des animaux ailés, bourdonnants, un peu longs,

De couleur fort tannée et tels que les Abeilles,

Avaient longtemps paru. Mais quoi ! dans les Frelons

        Ces enseignes étaient pareilles.

La Guêpe, ne sachant que dire à ces raisons,

Fit enquête nouvelle, et pour plus de lumière,

        Entendit une fourmilière.

        Le point n'en put être éclairci.

        De grâce, à quoi bon tout ceci ?

        Dit une Abeille fort prudente,

Depuis tantôt six mois que la cause est pendante,   

..Nous voici comme aux premiers jours ;.

        Pendant cela le miel se gâte.

Il est temps désormais que le Juge se hâte :

        N'a-t-il point assez léché l'ours ?

Sans tant de contredits et d'interlocutoires,

        Et de fatras, et de grimoires,

        Travaillons, les Frelons et nous :

On verra qui sait faire, avec un suc si doux,

        Des cellules si bien bâties.

        Le refus des Frelons fit voir

        Que cet art passait leur savoir ;

Et la Guêpe adjugea le miel à leurs parties.

Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès !

Que des Turcs en cela l'on suivît la méthode !

Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code :

        Il ne faudrait point tant de frais ;

        Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge,

        On nous mine par des longueurs :

On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,

Et les écailles pour les plaideurs.

 

[ii] LA COLOMBE ET LA FOURMI

Le long d'un clair ruisseau buvait une Colombe,

Quand sur l'eau se penchant une Fourmi y tombe.

Et dans cet océan l'on eût vu la Fourmi

S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.

La Colombe aussitôt usa de charité :

Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,

Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive.

Elle se sauve ; et là-dessus

Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus.

Ce Croquant, par hasard, avait une arbalète.

Dès qu'il voit l'Oiseau de Vénus

Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.

Tandis qu'à le tuer mon Villageois s'apprête,

La Fourmi le pique au talon.

Le Vilain retourne la tête :

La Colombe l'entend, part, et tire de long.

Le soupé du Croquant avec elle s'envole :

Point de Pigeon pour une obole.

 

[iii] LE CHAT, LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN

Du palais d’un jeune Lapin

Dame Belette un beau matin

S'empara ; c’est une rusée.

Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée.

Elle porta chez lui ses pénates un jour

Qu’il était allé faire à l’Aurore sa cour

Parmi le thym et la rosée.

Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,

Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.

La Belette avait mis le nez à la fenêtre.

« Ô Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ? »

Dit l’animal chassé du paternel logis :

« Ô là, Madame la Belette,

Que l’on déloge sans trompette,

Ou je vais avertir tous les rats du pays. »

La Dame au nez pointu répondit que la terre

Était au premier occupant.

C’était un beau sujet de guerre

Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu'en rampant.

« Et quand ce serait un royaume

Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi

En a pour toujours fait l’octroi

À Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,

Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi. »

Jean Lapin allégua la coutume et l’usage.

« Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis

Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils,

L’ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean transmis.

Le premier occupant est-ce une loi plus sage ?

— Or bien sans crier davantage,

Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis.

C’était un chat vivant comme un dévot ermite,

Un chat faisant la chattemite,

Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,

Arbitre expert sur tous les cas.

Jean Lapin pour juge l'agrée.

Les voilà tous deux arrivés

Devant sa majesté fourrée.

GrippeminaudNote 4 leur dit : « Mes enfants, approchez,

Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause. »

L’un et l'autre approcha ne craignant nulle chose.

Aussitôt qu’à portée il vit les contestants,

Grippeminaud le bon apôtre

Jetant des deux côtés la griffe en même temps,

Mit les plaideurs d'accord en croquant l’un et l’autre.

Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois

Les petits souverains se rapportant aux rois.

[iv] LES LOUPS ET LES BREBIS

 Après mille ans et plus de guerre déclarée,

Les Loups firent la paix avecque les Brebis.

C'était apparemment le bien des deux partis :

Car, si les Loups mangeaient mainte bête égarée,

Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits.

Jamais de liberté, ni pour les pâturages,

            Ni d'autre part pour les carnages :

Ils ne pouvaient jouir,  qu'en tremblant,  de leurs biens.

La paix se conclut donc ; on donne des otages :

Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis leurs Chiens.

L'échange en étant fait aux formes ordinaires,

            Et réglé par des Commissaires,

Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats

Se virent Loups parfaits et friands de tuerie,

Ils vous prennent le temps que dans la bergerie

            Messieurs les Bergers n'étaient pas,

Étranglent la moitié des Agneaux les plus gras,

Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.

Ils avaient averti leurs gens secrètement.

Les Chiens, qui sur leur foi, reposaient sûrement,

            Furent étranglés en dormant :

Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent.

Tout fut mis en morceaux ; un seul n'en échappa.

            Nous pouvons conclure de là

Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle.

            La paix est fort bonne de soi :

            J'en conviens ; mais de quoi sert-elle

            Avec des ennemis sans foi ?

 

2 commentaires:

  1. Nous avons laissé l’autorité judiciaire devenir un pouvoir ! Nous avons laissé la justice européenne s’emparer de notre souveraineté !
    Mais les lois, ça se change, les traités, ça se renégocie…
    Puissions-nous en tirer les conséquences !

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  2. Réforme Badinter du Code Pénal + ""les Juges sont là pour dire le droit, non la Justice"" = Houlala

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