La « zemmour-mania » est en marche... Ira-t-elle jusqu'à l'Elysée comme celle de son glorieux prédécesseur?
Sous prétexte qu’il
dit tout haut ce que nombre d’entre nous pensent tout bas, il faudrait serrer
les rangs derrière celui qui est devenu l’homme providentiel attendu depuis si longtemps par une classe sociale désemparée qui n'a toujours pas compris qu'un homme seul ne pourra pas remédier à son désespoir civilisationnel ... Une classe sociale qui ne mène que des combats perdus depuis des décennies et qui croit, avec son champion, que tout peut redevenir comme avant ...
Ces lignes en ont
fait les frais. Vous en aurez donc l'exclusivité!
Pour ma part j’écoute,
je lis, j’observe et j’essaie d’analyser.
Aussi ai-je suivi
le débat entre Éric Zemmour et Michel Onfray le 4 octobre à l’initiative du
Front Populaire.
Quels
enseignements peut-on tirer de leurs échanges au-delà du fait que le niveau du modérateur et des duettistes était remarquable ?
Assurément que ces
deux souverainistes assumés partagent nombre de leurs analyses respectives nonobstant
quelques points de divergence.
Ces divergences ne
sont pas idéologiques. Elles sont pratiques et relèvent plus de l’art politique
que du combat des idées. Je m’explique.
Éric Zemmour
affirme depuis longtemps que la politique c’est le combat des idées. C’est son
leitmotiv.
La politique à la
française, notre art politique ancestral et historique, c’est d’abord la
gestion pragmatique du quotidien afin de permettre aux membres d’une Nation de
vivre ensemble le moins mal possible, si ce n’est le mieux possible.
Ce débat a fait
ressortir que le gouvernement de la France ne se résout pas à la mise en œuvre
de convictions, si bonnes soient-elles. De manière un peu provocatrice mais pas
nécessairement inexacte Michel Onfray s’est démarqué de la position de son
interlocuteur en lui faisant le reproche d’être enfermé dans sa bibliothèque.
Cette critique est juste. Michel Onfray a mis le doigt sur un point capital, le tendon d'Achille du candidat putatif.
Leur échange assez
vif, ce fut sans doute le seul, sur la question de l’attitude à adopter par
rapport aux musulmans de France fut significatif à cet égard. Michel Onfray a
mis en avant la nécessité de ne pas heurter, de ne pas blesser ceux que de
toute façon notre Nation à l’obligation de traiter comme ses enfants.
La volonté d’Éric
Zemmour d’affirmer en contre-pied la nécessité d’un État fort ne devrait pas
s’affranchir de celle de mettre en œuvre une politique qui trouve les solutions
concrètes à un problème que ses mesures fortes ne résoudront pas à elles seules.
Un président ne peut pas prendre le
risque de pousser la logique de la guerre civile dans ses extrémités. Les
livres peuvent couper de la réalité et empêcher de régler des situations
pratiques, incontournables. La fermeté oui mais pas obtuse !
Cet échange a
également eu le mérite de faire ressortir que si Éric Zemmour est d’accord avec
Michel Onfray sur le fait que notre civilisation est menacée par l’immigration
c’est aussi pour cette raison que, pour reprendre le terme du second, la France
est « à prendre », parce qu’affaiblie pour avoir tourné le dos à ce qui fait sa
civilisation ; ce que d’ailleurs le futur candidat à l’élection présidentielle
n’a pas contredit, mais sans en tirer des conclusions politiques concrètes.
J’ai été sensible à
ce fait qui rejoint la critique provocatrice de Michel Onfray qu’Éric Zemmour
manie des idées, des concepts, une conception de la politique à la française mais
sans voir la dimension humaine des situations pratiques que sa politique devra nécessairement
gérer. Si l’homme d’Etat doit être ferme et intangible parce qu’il a une
vision, il faut que cette vision soit tournée résolument vers l’avenir et en
même temps qu’elle soit imprégnée de l’humanisme chrétien qui caractérise l’art
politique français.
Un exemple peut
être pris. L’organisateur du débat a fait visionner une question posée par une
jeune femme musulmane qui se bat contre l’impossibilité pour les femmes
d’accéder aux bars dans les quartiers musulmans. Cette femme, qui se prénomme
Nadia lui a posé la question de savoir s’il la considérait comme étant moins
française que lui alors qu’elle ne porte pas un prénom français. Il ne lui a
pas répondu. Il s’est contenté de développer sa théorie sur les prénoms qui
n’est pas en soi fondamentalement inexacte. Son refus de reconnaître que cette
femme musulmane qui tente de s’affranchir de l’islam, conformément d’ailleurs à
ce qu’il préconise…, m’a fait penser qu’il était enfermé dans son idée, dans sa
vision et qu’il ne voyait pas la dimension personnelle de la situation à
laquelle cette femme le confrontait. Cela me gêne. Il ne pourra pas lui enlever
sa nationalité, toute Nadia qu’elle est. Il se devra de l’intégrer dans sa
politique quel que soit son prénom…
Quel que soit la vision idyllique qu'il peut avoir de sa Nation et de son histoire, l'homme politique doit faire sienne cette formule d'Hannah Arendt: "la dégradante obligation d'être de son temps"!
J’ai déjà écrit
que je formulais des réserves sur la solution Zemmour à l’élection présidentielle
qui s’annonce. Je les maintiens. Pour autant Éric Zemmour a encore plusieurs
mois devant lui pour faire évoluer son discours et son approche de la fonction
présidentielle. Il a encore sept mois pour lui donner de l’épaisseur et de la
profondeur et surtout de l’humanité, pour se muer en président.
Puisque Michel
Onfray n’est pas candidat à l’élection présidentielle, formulons le vœu qu’il
en soit ainsi. L’avenir nous dira si Eric Zemmour va se décider à sortir de sa
bibliothèque, sans pour autant en oublier le contenu et à prendre en compte le monde tel qu'il est.
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