Un ouragan s'abat sur l'Eglise qui face à l'urgence m'amène à accélérer mes publications.
Depuis hier, et même auparavant, car ils n’ont pas
attendu la publication de ce rapport de la honte pour le faire, les catholiques
prient. Ils prient d’abord pour les victimes de tous ces prédateurs qui ont souillé le sacrement qu’ils ont reçu de l’Eglise et le Dieu fait homme
qu’ils incarnent. Ils prient encore pour tous les prêtres qui n’ont pas failli –
plus de 95 % - car on ne parle que de ceux qui sont frappés par le déshonneur
en oubliant ceux qui n’ont pas commis de crimes et sur qui on jette l’opprobre
qu’ils ne méritent pas. Ils prient encore pour l’Eglise.
Ceci rappelé il faut aller plus loin et s’interroger en
essayant de se poser les bonnes questions.
Je vais tenter, avec mon cœur, d’apporter ma modeste
contribution à cette réflexion déjà éclairée par beaucoup de personnes plus
qualifiées et habilitées que moi. Mais je crois que toutes les paroles ont leur
importance dans un pareil moment.
Le Christ a dit dans l’Évangile que la vérité rend libre.
Nous y sommes…. Enfin…. L’Eglise a compris que son silence était coupable. Deo
gratias !
Alors qu’aucune autre institution ne l’a encore fait - Qu’a
fait l’Education Nationale ? Qu’ont fait les associations et les clubs
sportifs ? - l’Eglise a eu la sagesse en même temps que la dignité de
commander, et de payer plus de 3 000 000 €, un rapport dont elle savait qu’il
la salirait et qu’il nourrirait les arguments de ceux qui veulent l’atteindre
et la détruire. L’occasion est trop belle ! Le monde laïc exige d’Elle qu’elle
aille à résipiscence, alors que pour ne citer que lui on ne demande rien à un
Daniel Cohn Bendit qui s’est vanté d’avoir fait certainement pire que nombre
des clercs visés dans le rapport. Mais il fallait en passer par là.
Depuis hier les critiques pleuvent ; normal et
justifié. Toutefois puisqu’on parle de justice, face à un sujet aussi grave, il
faut discerner, distinguer. L’amalgame doit être évité. Difficile et délicat.
L’Eglise a été prise en défaut sur son terrain !... Elle
qui est maîtresse en humanité, elle qui porte et incarne la parole d’amour et
de vérité de NSJC ; Elle qui sait mieux que personne le degré d’abjection
de ce qui a été commis par ceux qu’elle avait ordonnés et qui l’ont trahie en
violant d’innocentes victimes. Elle qui n’existe que par le sacrement de l’eucharistie
qui est un sacrifice d’expiation des péchés et donc des crimes y compris de
ceux dont on parle. Voilà pourquoi ces crimes sont d’autant plus insupportables
sans pouvoir toutefois Lui être imputés.
L’Eglise n’a rien fait. Des hommes d’Eglise ont fait, d’autres
se sont tus, ont couvert, l’institution a fermé les yeux. Certes.
Elle a été trahie à l’occasion de chacune de ces insupportables
agressions. Son Christ dont elle renouvelle le sacrifice à chaque messe par la
voie de ses ministres a été crucifié lors de chacune de ces agressions. Ce
Christ flagellé, lapidé et crucifié qui implore le pardon des victimes sans
pouvoir le leur imposer… Et qui leur tend les bras alors que leurs bourreaux
ont agi sous son couvert… Tragique !
Oui les prêtres ne sont que des hommes et donc des
pêcheurs. Le prêtre est un humain qui a reçu la greffe de la grâce. Mais la
grâce est donnée sans être une immunité. Le prêtre reste homme même si ses
mains sanctifiées sont le vecteur de sacrements qui ne dépendent pas de lui
mais viennent de Dieu. Ces mêmes mains avec lesquelles ils ont abusé de ces
enfants…
Le Christ qui s’est fait homme a voulu qu’il en soit
ainsi. Non pas, pour permettre que des crimes soient commis en son nom, ni pour
les excuser. Il a voulu que le salut passe par des hommes. Que l’humanité soit
arrimée au Ciel par des humains marqués par le péché originel qui couve dans le
cœur de chacun. Il a voulu dépendre des hommes. S’il n’en avait pas été ainsi
le message serait resté éthéré, inaccessible, hors de portée. S’il n’en avait
pas été ainsi l’humanité n’aurait pas été gratifiée d’une cohorte de Saints
unique au monde.
Cette distinction est impossible à concevoir pour nos
médias et pour beaucoup de nos concitoyens. Et pourtant… Distinction incompréhensible
à vue humaine, comme l’œuvre de l’Esprit Saint. Pourtant elle s’impose. Elle
doit être faite. Ce qui n’excuse rien et ne justifie rien…, mais qui signifie
simplement qu’il y a une réalité spirituelle qui nous domine tous tant que nous
sommes et nous transcende. Toute la vilenie des hommes y compris du clergé quel
que soit son niveau dans la hiérarchie, ne peut pas atteindre un miracle
permanent sur lequel nous n’avons pas de prise, qui est le fait de Dieu et dont
la source remonte au jeudi saint. Un miracle qui a précisément pour objet de conduire
l’humanité sur le chemin de la rémission et du salut. Un miracle dont les
hommes ont besoin même si leur toute puissance technique et scientifique le
leur fait perdre de vue.
Ces crimes sont encore plus insupportables parce qu’ils
ont été commis à l’égard des plus petits. En conclusion de son intervention au
sujet de la publication de ce rapport Charlotte d’Ornelas rappelait à juste
titre lors de l’émission FACE A L’INFO sur CNEWS cette parole du Christ : «
Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mathieu 25,40).
Voilà pourquoi, n’en déplaise à ses pourfendeurs et à ses
procureurs, est-il certain que l’Eglise sortira grandie de cette épreuve. Il ne
peut pas en être autrement. Pourquoi ? Parce qu’elle n’est pas qu’une
institution humaine. CQFD… par ce qu’elle continuera de porter la parole de notre
Seigneur qui a été souillée par ces criminels. Parce que si ces derniers ont
agi avec leurs habits d’ecclésiastiques, ce qu’ils ont fait n’était que le
résultat de leur triste, peccamineuse et criminelle humanité.
Affirmer cela n’est pas un manque de respect pour les
victimes. Ce n’est pas de la prétention puisque les hommes n’y peuvent rien ;
ils ne sont que dépositaires, ministres, fidèles avec toutes leurs
imperfections. C’est rendre justice à Dieu en ne le chargeant pas d’un fardeau
qui n’est pas le sien. C’est refuser de faire peser avec Rousseau sur une autre
ce qui n’est qu’humain.
La Foi catholique nous invite à croire que la mort qui
est la porte d’entrée dans la vie éternelle est le moment du jugement
définitif, pour l’éternité. Oui le jour viendra où la justice de Dieu tombera.
Pour tous. Or la vie éternelle si elle existe est nécessairement plus
importante que nos courtes et fragiles vies terrestres. Il est réconfortant de
savoir qu’à ce moment-là il n’y aura plus de faux semblants, de turpitudes, d’influences,
de protections. Nous serons tous nus avec nos vies entre nos mains. Ces salops
qui ont fait souffrir tant de victimes innocentes n’auront que cela à offrir…
Face à cela la justice des hommes est dérisoire.
Voilà pourquoi l’Eglise n’a pas à se réformer. Attention !
Soyons clairs. J’entends de ces réformes qui porteraient sur ce qui la fait une
institution divine, sue ce qui est objet de Foi. Elle restera ce qu’elle a
toujours été c’est-à-dire le corps de Dieu vivant, incarné pour sauver l’humanité.
Elle continuera d’évangéliser avec les 7 sacrements comme armes et rien d’autre
ni de plus. Elle demeurera Celle qui ouvre les bras à tous les hommes-pêcheurs sans
les exonérer de l’épreuve du jugement dernier.
Mais la tentation est grande pour les hommes de La
soumettre à leurs lois et à leurs procédures. Il suffit de lire ce rapport pour
s’en convaincre. Je ne parle pas de l’analyse méticuleuse et objective de ce
qui s’est passé même s’il y aurait lieu de s’interroger sur certains chiffres
qui ne sont que le fruit de sondages et d’extrapolations. Je parle des conseils
et des propositions formulées. Non pas de l’administration des hommes qui doit être revue,
ce qui a d’ores et déjà été entrepris et doit être poursuivi mais sans mélanger
les ordres comme le fait malheureusement la commission dans son rapport. D’où
le risque que comportait une partie du contenu de la mission confiée par les
autorités ecclésiales de France.
Les conseils fleurissent de toutes parts au-delà mais sur
la base des recommandations qui sont une sorte de boite de pandore. Chacun y va
de sa proposition. Qui Vatican III. Qui une réforme du droit canon. Qui une
suppression du secret de la confession. Qui une réforme du catéchisme. Qui,
pourquoi pas, une réforme des Évangiles !
Tout cela est hors de propos. On mélange tout.
Le problème vient des hommes. C’est d’eux dont il faut s’occuper.
C’est l’hommerie qui est en cause, à tous les niveaux, pas NSJC répandu et
communiqué : « l’Eglise, c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ
répandu et communiqué » (Bossuet, Pensées chrétiennes et morales).
Puissent nos prêtres, nos évêques, nos cardinaux et notre
Pape agir et décider à la lumière de l’Evangile et de la tradition millénaire
qui a malheureusement déjà connu des périodes sombres qui ne peuvent faire
oublier tout ce qui a fleuri dans son sillage comme l’avait analysé Jean Ousset.
Agir et décider sans suivre les conseils et les recommandations des hommes et
de la Cité lorsqu’il s’agit de ce qui est objet de la Foi catholique.
Car, pour reprendre une expression triviale, il ne
saurait être question de jeter le bébé avec l’eau du bain. La sagesse et la
prudence doivent l’emporter dans la fermeté et le discernement. L’Eglise l’a
toujours fait. Elle le fera.
Elle le fera parce que les hommes ne peuvent rien contre Elle.
« Et moi aussi, je vous dis que vous êtes Pierre, et que sur cette
pierre je bâtirai mon Église ; et les portes de l’enfer ne prévaudront point
contre elle » (Mathieu 16.18).
Puissent ces pauvres mots vous aider à ne pas faire
fausse route dans votre réception de ces événements douloureux qu’il faut d’abord
porter dans la prière avec bienveillance, sans faiblesse et en dehors de toute
confusion.
Semper idem !
Merci pour ce billet et cette espérance.
RépondreSupprimerLe rapport Sauvé nous déchire mais l'Eglise qui l'a elle-même commandé savait qu'il en serait ainsi, elle a voulu avec courage affronter et anéantir le démon qui la ronge. Vous rappelez à juste titre que l'Education Nationale n'a pas ce même courage pour ce qui la concerne.
On ne peut ignorer le fil sombre et sournois commun à tout cela : il s'agit pour certains de chasser de l'esprit de nos contemporains l'idée de Dieu et la possibilité de la foi. J'ai même entendu hier dans la bouche d'une ancienne ministre que toutes les religions monothéistes étaient à mettre dans le même sac et donc dans la même poubelle.
Face à ce défi majeur, nous aurons bien besoin de reconstruire une Eglise solide et saine. Oui à Vatican III ! Si nous pouvions en profiter pour cesser de cultiver les divisions et enfin rassembler tous ceux qui se reconnaissent dans la même foi du Christ.
Merci pour ce billet fort juste et éclairant.
RépondreSupprimerOui nous sommes dans la barque, en pleine tempête certes, mais nous savons désormais, qu'après la tempête, revient toujours le calme, et que dans la barque, Jesus est avec nous et connaît tout, le présent comme l'avenir.
Soyons avant tout confiant !