Ce matin, au volant de ma Peugeot 2008, j'écoutais Fréderic Taddei sur Europe 1, comme souvent le dimanche matin à cette heure-là. Ce matin il interviewait Fanny Ardant. Un véritable hymne à l'amour libéré...
L’actrice vient de tourner un film « Les Jeunes Amants », de Carine Tardieu, qui va sortir mercredi prochain. L’ancienne « femme d’à coté » y est une septuagénaire amoureuse d’un quadra. « Un rôle intense qu’elle joue sans fards, sans tabous, libre corps et âme » nous dit la presse. Le thème de l’amour lui est cher. J'écoutais cette grande actrice : « C’est l’histoire d’amour. Tout simplement. Je suis obsédée par l’amour. L’amour reçu, l’amour attendu, l’amour donné. Le scénario du film décline l’amour sous toutes ses formes, l’amour que j’éprouve pour ma fille et l’amour qu’elle me porte ».
Il se trouve que je sortais de la messe dominicale au
cours de laquelle nous avions entendu et médité l'hymne à l'amour de Saint Paul…
bien loin de celui qui constitue le thème du film mais bon il y avait un
dénominateur commun !
Sauf qu’une fois arrivé à la maison je me suis dit que ce
dont nous parlait cette actrice est un luxe réservé à une élite. Qui sont ces
femmes libres, amoureuses, passionnées ? Qui est capable de s’inspirer du mythe
entretenu par Fanny Ardant ?
N’y a-t-il pas un énorme quiproquo et un paradoxe dans
l'évolution des modèles de vie amoureuse entretenus par notre société ?
La déconstruction du modèle familial traditionnel qui n’était
pas non plus qu’un rêve enchanté, mais la vie n’est pas et ne sera jamais un
rêve enchanté…, a-t-elle apporté un supplément de bonheur ?
La libération de la femme a bénéficié à une petite élite issue de certains milieux, capables de faire de grandes études et d'exercer des métiers lucratifs. Leur a-t-elle apporté plus de bonheur ? La libération de la femme lui a-t-elle procuré du bonheur, indépendamment de l’ivresse révolutionnaire et de la démolition de l’interdit ? Je n’en suis pas certain…. Fanny Ardant semble droguée par son idéologie hors sol même si elle joue et s'exprime avec talent et charisme.
Pour le reste de la société, cette libération en trompe l'œil a soumis un nombre beaucoup
plus important de femmes à des contraintes à la limite du supportable. Les
effets de la libération se sont traduits par des vies accumulant les charges
quotidiennes pour les femmes souvent acculées à la nécessité de multiplier les tâches professionnelles et ménagères. La stabilité du modèle traditionnel permettait de
ne pas nécessairement vivre moins bien qu’avec les séparations inhérentes au
mythe de libération et tous leurs effets secondaires…. Il n’y a qu’à constater
le supplément de misère engendré par toute séparation, sans parler des
désastres éducatifs qu’elles provoquent !
Si pour Madame Fanny Ardant la grande équivoque c'est de « croire
que le mariage c'est l'amour », pour bon nombre de femmes françaises
qui ne croient effectivement plus au mariage la grande équivoque est de croire que
l’éclatement du modèle familial au-dessus duquel notre actrice place l’amour
les aurait libérées et leur aurait apporté le bonheur. Les faits sont là,
têtus, sous nos yeux…
Certes, l'entretien du rêve n'est-il pas négatif en soi ;
mais je trouve qu'il y a une forme d'indécence dans ce grand écart intellectuel
et culturel que nous proposent nos élites médiatiques. Ne seraient-elles pas
plus inspirées d’entretenir non pas ce mythe d’une libération destructrice mais
le rêve d'une vie qui soit réellement à la portée de leurs congénères ?
Car quelle est la place de cette conception de l'amour
pour des gens qui ont moins de moyens financiers, qui doivent faire face aux
besoins alimentaires et d'éducation de leurs enfants, concilier beaucoup d’impératifs
contradictoires sans en avoir toujours les moyens, bref, qui doivent avant tout
essayer de vivre et de faire vivre les leurs ?
Et du coup je me suis dit que peut être que Saint Paul était
plus proche d’elles que Fanny Ardant.
« L’amour prend patience ; l’amour rend
service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas
d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il
ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce
qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte
tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne
passera jamais ».
Ce texte éternel qui a traversé deux millénaires sans
prendre la moindre ride, à l’inverse de nos actrices…, offre un idéal atteignable.
Il est à la portée de toutes les bourses, de tous les milieux. Il incarne le
bonheur. Il est le programme du bonheur…Il s’adapte au toutes les formes d’amour,
à toutes ses expressions, à tous ses modèles, de la vie familiale à la vie
consacrée en passant par celui qui unit des frères et sœurs ou des amis….
En plus d’être méprisants les mots grandiloquents de
Fanny Ardant pour évoquer cet amour de riche septuagénaire s’offrant les faveurs d’un homme de 25 ans son cadet sont misérables et dérisoires face à
ceux de Saint Paul….
A l'hymne à l'amour libéré des féministes privilégiées il est meilleur pour la femme de rêver et de méditer l'hymne à l'amour non libéré mais fondamentalement libre et épanouissant de l'apôtre des gentils!
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