Nous sommes sonnés, abasourdis par la guerre à nos portes et ne cessons de nous poser ces lancinantes questions : pourquoi ? Que veut Vladimir Poutine ?
Après avoir affirmé qu’il était fou, les observateurs réalisent
que non, même si l’homme a pu se tromper sur la capacité de son armée à
emporter la victoire.
Les observateurs les plus fins du monde de l’Est et de la
Russie s’accordent à dire que nous assistons à une confrontation entre
l’impérialisme russe, sorte de fatalité d’une continuité impériale l’emportant
sur toutes les ruptures du tsarisme, au communisme et au poutinisme, et la
nation ukrainienne.
Quant à nous, matraqués par nos médias et nos
politiciens, nous voulons encore nous convaincre qu’il s’agit d’un conflit entre
le totalitarisme et la démocratie. Cette résurgence du fait national dans ce qu’il
a de plus violent et d’humainement insupportable nous semble être un
anachronisme. Ne sommes-nous pas devenus civilisés ? Il est vrai que notre
Europe, celle de la communauté européenne et de ses traités, s’est développée
comme un dépassement des nations par les principes de libre-échange et de
démocratie dont nous avons fait des dogmes. Sauf que les nations résistent et qu’à
travers la crise sanitaire nous avons vu combien elles sont utiles même si leur
coopération n’est pas inutile. Nous sommes replongés dans la politique des
nations et leurs rapports de puissance.
Sujet complexe qui nous renvoie à une réalité que nous
voulions oublier et qui nous revient à la figure à répétition et de différentes
manières…
Dans une interview parue en début de semaine dans le
Figaro Alain Finkielkraut[1]
nous aide dans notre nécessaire réflexion. Je vous invite à le lire et à y réfléchir. Il part du principe contesté qu’il
n’y a pas de responsabilité des occidentaux et que les nations d’Europe
centrale qui ont choisi la protection de l’OTAN l’on fait pour se protéger de
l’expansionnisme russe. Il fait référence à l’écrivain Valérie Grossman et sa
thèse d’une malédiction de la Russie qui ne défend pas le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes mais poursuit sa volonté expansionniste.
Alain Finkielkraut ajoute que les nations doivent être
défendues particulièrement en Europe, dans leur diversité et leurs identités, comme
un produit de la civilisation européenne. Il poursuit, seule la défense des
nations dans le concert européen peut permettre l’avènement de systèmes de
gouvernement pacifiés et conformes à nos « principes ». La défense
des nations est donc préalable à l’aménagement d’un système communautaire qui
ne peut donc être que de type confédéral, c’est-à-dire à l’opposé de ce qui
s’imagine dans les sphères bruxelloises…
Et il affirme que nous ne pouvons pas noyer les peuples
dans l’anonymat de l’espèce et le cauchemar de l’interchangeabilité des êtres.
Quand un peuple se bat pour sa survie à travers la
défense de sa nation on ne peut pas lui faire le reproche d’un quelconque
nationalisme. La question nationale ne se réduit pas au nationalisme comme on
nous le ressasse en permanence.
Il faut espérer que cette guerre finisse enfin et le plus
vite possible. L’une des leçons à en tirer sera comme la crise sanitaire l’avait
mis en évidence, que l’Europe devra se reconstruire autrement si elle veut
survivre et réaliser son objectif de pacification tel qu’il avait été conçu par
ses fondateurs De Gaulle et Adenauer.
De ce point de vue le témoignage d’Alain Finkielkraut est
précieux et digne d’intérêt.
Nous sommes confrontés à une réalité qui est une
constante de l’histoire. Les peuples ne peuvent vivre, se développer et
s’épanouir que dans un cadre national que Finkielkraut définit de manière très
classique comme étant « l’architecture, la poésie de certains lieux, ce
qui manque quand on est ailleurs, les soubresauts d’une histoire particulière,
une langue commune c’est-à-dire toutes ces choses qui ne sont pas la démocratie
mais qui la rendent possible ».
Cherchez l'erreur...
L’agression déraisonnable et insupportable de Vladimir Poutine et de la Russie en Ukraine nous apporte cette leçon qu’il ne faudra pas oublier dans les années à venir ; et à commencer lors du choix de nos bulletins de vote pour les élections présidentielles.
[1] https://www.lefigaro.fr/vox/monde/alain-finkielkraut-cette-guerre-nous-rappelle-que-les-nations-doivent-etre-defendues-20220327
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