Mon billet d'hier appelle une suite. Les débats et les forums organisés pour "débriefer" les paroles du Saint Père démontrent que l'occident réagit en termes de droit, de morale et de bien commun.
Je persiste à penser que bien que légitimes ces points de vue sont dépassés eu égard au processus de la migration en cours. Et d'ailleurs dans l'histoire les migrations ont toujours été marquées par leur nature violente; il s'est agi d'invasions. Tel est notre cas même si comme je l'écrivais hier nous n'en sommes qu'aux prémisses..
Nous avons historiquement fait en sorte que les africains se trouvent aujourd'hui dans une situation doublement marquée par leur incapacité à satisfaire les besoins de leurs populations et par la croissance exponentielle de ces dernières. Jean Raspail l'avait pressenti dans son roman prémonitoire "Le camp des saints".
Le Pape l'a compris, de même qu'il semble avoir acté le fait de la déchristianisation provisoire de l'Europe.
Dans ces conditions les analyses politiques catholiques traditionnelles ou conservatrices qui soulignent Son abandon des conditions jadis rappelées par SS le Pape Pie XII en 1952 (Const. ap. Exsul Familia de spirituali emigrantium cura, 1er août 1952) me font penser au chant du cygne, sauf retournement miraculeux…
Mais je voudrais insister sur un point que j'ai seulement effleuré hier. Les prises de position du Pape François semblent marquées par une ambiguïté. Si ses paroles sont à interpréter sur un plan évangélique - ce que je veux croire - souffriraient-elles d'une insuffisance ou d'une carence? Ne seraient-elles pas faussement -jésuitiquement ? - évangéliques?
Je m'explique.
Il ne peut pas nous demander d'accueillir au mépris des principes énoncés par ses prédécesseurs sans en même temps évoquer la question du salut des âmes. Oui la charité commande de ne pas laisser mourir et de recevoir - sur un plan individuel car la charité collective s'accompagne de la nécessaire prudence - mais on ne peut faire l'impasse du salut des âmes. Or sur un plan catholique le salut des âmes passe avant celui des vies temporelles comme le rappelait justement C d'Ornelas ce soir sur CNEWS!
Accueillir pour quoi faire?
La mise en œuvre de la morale stigmatisée avec force par le Saint Père et dont nos médias se sont fait l'écho exclusif est-elle suffisante? En cela son discours pourrait-il dès lors apparaître comme étant plus politique qu'évangélique…
La réponse se trouve dans son discours; sauf qu'elle n'est pas la plus citée…
"Nous ne pouvons accepter que la vérité du dieu argent l’emporte sur la dignité de l’homme, que la vie se transforme en mort ! L’Église, en confessant que Dieu, en Jésus Christ, « s’est en quelque sorte uni à tout homme » (Gaudium et spes, n. 22), croit, avec saint Jean-Paul II, que son chemin est l’homme (cf. Lett. enc. Redemptor hominis, n. 14). Elle adore Dieu et sert les plus fragiles qui sont ses trésors. Adorer Dieu et servir le prochain, voilà ce qui compte : non pas la pertinence sociale ou l’importance numérique, mais la fidélité au Seigneur et à l’homme !
Voilà le témoignage chrétien et, bien souvent, il est héroïque. Je pense par exemple à saint Charles de Foucauld, le "frère universel", aux martyrs de l’Algérie, mais aussi à tant d’artisans de la charité d’aujourd’hui. Dans ce style de vie scandaleusement évangélique, l’Église retrouve le port sûr auquel accoster et d’où repartir pour tisser des liens avec les personnes de tous les peuples, en recherchant partout les traces de l’Esprit et en offrant ce qu’elle a reçu par grâce. Voilà la réalité la plus pure de l’Église, voilà - écrivait Bernanos - « l’Église des saints », ajoutant que « tout ce grand appareil de sagesse, de force, de souple discipline, de magnificence et de majesté n’est rien de lui-même, si la charité ne l’anime » (Jeanne d’Arc relapse et sainte, Paris 1994, p. 74). J’aime exalter cette perspicacité française, génie croyant et créatif qui a affirmé ces vérités à travers une multitude de gestes et d’écrits. Saint Césaire d’Arles disait : « Si tu as la charité, tu as Dieu ; et si tu as Dieu, que ne possèdes-tu pas ? » (Sermo 22, 2). Pascal reconnaissait que « l’unique objet de l’Écriture est la charité » (Pensées, n. 301) et que « la vérité hors de la charité, n’est pas Dieu ; elle est son image, et une idole qu’il ne faut point aimer, ni adorer » (Pensées, n. 767). Et saint Jean Cassien, qui est mort ici, écrivait que « tout, même ce qu’on estime utile et nécessaire, vaut moins que ce bien qu’est la paix et la charité » (Conférences spirituelles XVI, 6)".
Nous revenons ainsi à l'évocation de la providence. La providence utiliserait-elle la migration comme occasion pour les peuples européens déchristianisés de retrouver le chemin de la foi et de sa pratique?
En tous les cas, il est certain que la paix ne sera possible que si les peuples européens et africains parviennent à communier dans la vérité du message de NSJC.
Pourquoi la France, fille ainée de l'Eglise, ce que le Pape François n'a pas rappelé comme l'avait fait Saint Jean Paul II, ne serait-elle pas celle des vieilles nations européennes qui montre la voie du salut ? Cela ne sera possible que dans une foi retrouvée et vécue…
N'oublions jamais Lépante qui avant d'être une bataille sur mer fut une occasion unique de prière mariale…
Voilà ce que le Pape François n'a pas dit formellement mais qui me semble implicitement être au cœur de la charité et de la fraternité auxquelles il nous a invités, lui qui est un homme d'ardente prière.
La prière est toujours un préalable à l'action comme Jeanne d'Arc et bien d'autres des héros chrétiens nous l'ont toujours montré. Car rien n'est impossible à Dieu grâce à l'intercession de sa Sainte Mère qui est la patronne de la France.
Avons-nous un autre choix?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentez cet article et choisissez "Nom/URL" ou Anonyme selon que vous souhaitez signer ou non votre commentaire.
Si vous choisissez de signer votre commentaire, choisissez Nom/URL. Seul le nom est un champ obligatoire.