dimanche 24 septembre 2023

A PROPOS DES PAROLES DU PAPE FRANCOIS SUR LA MIGRATION

Il y a de quoi être déstabilisés par les paroles du Saint-Père le pape François à l'occasion de son déplacement à Marseille qui n'ont fait que réitérer ce qu'il avait déjà déclaré à maintes reprises. Je l’ai été, une fois de plus.


Que faut-il en penser ? Doit-on critiquer ses prises de position ? Emettre des réserves ? Les dénoncer au nom de la doctrine chrétienne du bien commun ?

Le pape ne doit pas faire  de politique mais il lui revient à la tête de l’Eglise de rappeler à temps et à contre-temps les principes dont toute politique doit s’inspirer.

J'ai lu et relu son discours à l'occasion de la clôture des rencontres méditerranéennes de Marseille. J'ai immédiatement pensé au travaux remarquables de Laurent Dandrieu auxquels je vous laisse vous reporter. Ce dernier dénonce ce qui peut apparaître comme étant une nouvelle doctrine; comme si après la théologie de la libération l'Eglise nous proposait par certains de ses membres une théologie de la migration ... 

Faut-il s’en arrêter à ce "non possumus"?

A force de m'interroger, je me suis demandé si la migration n'est pas un phénomène inéluctable. Toutes nos discussions sur la préservation de nos sociétés occidentales, sous le prisme de leur bien commun, de notre bien commun, ne sont-elles pas anachroniques à l'échelle d'un moyen terme qui se rapproche de plus en plus ? Et si le Pape nous préparait à ce qui va advenir ? A-t-il tort quand in déclare : « La mare nostrum crie justice, avec ses rivages où, d’un côté, règnent l'opulence, le consumérisme et le gaspillage et, de l’autre, la pauvreté et la précarité. Là encore, la Méditerranée est un reflet du monde : le Sud qui se tourne vers le Nord, avec beaucoup de pays en développement, en proie à l'instabilité, aux régimes, aux guerres et à la désertification, qui regardent les plus aisés, dans un monde globalisé où nous sommes tous connectés mais où les fossés n'ont jamais été aussi profonds » ?

La réalité démographique entraine la grande migration qui n’a en réalité pas encore commencé... . La transformation de nos côtes en murs d’enceintes n’y changera rien. Ce phénomène n’a rien de comparable avec ce que nous avons connu dans le passé. Il est totalement nouveau par son ampleur et son accélération exponentielle.

Les actions ou les propositions d’actions de nos responsables politiques sont dérisoires et inadaptées à l’ampleur du processus. Elles nous font réaliser que la colonisation n’était pas un crime contre l’humanité ... et qu’en nous retirant d’Afrique nous avons renoncé à agir à la racine du problème et à mettre en œuvre la seule politique qui aurait permis d’éviter qu’avec l’augmentation de la population du continent africain la seule solution soit pour ses natifs de venir chez nous de manière suicidaire pour l’humanité prise dans sa globalité. Car l’eldorado que nous représentons n’en sera vite plus un...

Dans ce contexte les paroles du Saint Père ont un caractère prophétique. Elles sont choquantes dans notre court terme politique et par rapport à notre désir d’essayer de nous préserver. Elles nous provoquent en ce sens qu’elles semblent passer par-dessus une doctrine maintes fois affirmée par le Saint Siège.

Pouvons-nous être d’accord avec sa critique des politiques d’assimilation au nom de la seule intégration ? Ses propos sont-ils trop politiques ? Sans doute... A-t-il raison de s’exprimer ainsi : « Certes, les difficultés d’accueil sont sous les yeux de tous. Les migrants doivent être accueillis, protégés ou accompagnés, promus et intégrés. Dans le cas contraire, le migrant se retrouve dans l'orbite de la société. Accueillis, accompagnés, promus et intégrés : tel est le style. Il est vrai qu'il n'est pas facile d'avoir ce style ou d'intégrer des personnes non attendues. Cependant le critère principal ne peut être le maintien de leur bien-être, mais la sauvegarde de la dignité humaine. Ceux qui se réfugient chez nous ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter : si nous les considérons comme des frères, ils nous apparaîtront surtout comme des dons » ? Provocation ?

Le sens de son message me semble devoir être pris sur un plan évangélique. Le Pape parle d’or si on se place sur ce plan spirituel en partant de ce principe de réalité que les vagues de migration vont grossir, alimentées par le génie des trafiquants qui bénéficient souvent de l’aide des puissants...

Le Pape parle au nom de l’Eglise c’est-à-dire de NSJC. Or : « ... mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées ». [Livre du prophète Isaïe (55, 6-9)].

Le Pape peut-il tenir un autre discours ? La question se pose, génante, lancinante...

Le Pape François nous gène en ce sens qu’il semble vouloir accélérer le mouvement et nous obliger à faire dès maintenant ce à quoi nous serons contraints dans quelques années ?

Oublie-t-il d’inviter les responsables politiques, au nom du bien commun, à engager des actions courageuses et énergiques pour tenter de renverser la tendance ?  Mais part-il du principe que ce serait peine perdue, rien ne pouvant remettre en cause ce qui est en cours ?

Une autre question se pose, soulevée par Laurent Dandrieu. Celle de l’universalisme chrétien à ne pas confondre avec le mondialisme. Mais là encore le Pape François ne part-il pas du principe que notre monde, la terre, étant devenu un village par l’effet des communications et des interdépendances, il est devenu impossible de préserver nos cadres traditionnels d’enracinement et de civilisation ? Choquant ? Erroné au nom de la doctrine catholique qui a toujours fait de la Nation le cadre privilégié de la civilisation ? Si les nations ne doivent pas disparaître ne devons-nous pas en concevoir le rôle autrement qu’il y a encore seulement quelques décennies ?

Je pose ces questions en ouvrant mon cœur, sans être sûr de rien, tant il est vrai que nous parlons d’une question qui bouleverse tous nos cadres habituels de réflexion et de pensée. Nous n'avons pas connu d'aussi grave défi depuis bien longtemps.

Notre Pape dont je redoute par ailleurs les initiatives sur le plan de l’Eglise et de la liturgie, et pour lequel je tente de prier comme il nous a demandé de le faire afin que l’Esprit Saint l’éclaire, a pour habitude de nous bousculer. Mais NSJC ne bouscula-t-il pas le monde, ses disciples et l’humanité ?

N’est-il pas vrai que le monde est en train de changer sous l’emprise de rapports de force très temporels, très humains, qui ne tiennent aucun compte des valeurs évangéliques ?

Quel est le sens de nos vies ? Cette situation inédite n’a -t-elle pas le mérite de nous obliger à nous remettre en cause ? Est-ce providentiel comme le pense apparemment le Saint Père ? Que nous demande la providence?

Il nous revient assurément de réfléchir pour actualiser nos logiciels, nous réflexions, nos systèmes de pensée sans rien céder par rapport à l’essentiel. Toute la question est de discerner l’essentiel dans toutes les mutations auxquelles nous sommes confrontés.... Et le phénomène migratoire est loin d’être la seule. Sur ce plan nous avons un rôle à jouer. Nous devons nous donner les moyens de faire demain sur notre sol et de manière plus générale à l’échelle du monde ce que nos anciens voulaient faire du temps des colonisations qui n’ont été ni une réussite absolue ni une aberration humanitaire….

SS le Pape François a le mérite de réveiller des consciences endormies Il a su en même temps mettre le doigt sur l’irresponsabilité de notre attitude vis-à-vis du respect de la vie tant à son commencement qu’à sa fin ce qui a du sens pour les africains plus que pour nous autres qui avons perdu tous nos repères moraux et éthiques en même temps que nous nous installions dans ce confort dont il nous alerte sur le caractère éphémère !

Reste que l'évangélisation est un défi et qu'il ne faut pas se tromper de combat.

A suivre, à approfondir, à critiquer...

Ce billet est une bouteille à la mer. Dois-je la jeter dans la « Mare nostrum » ?...

CQFD ?

1 commentaire:

  1. Vaste question Bernard !
    Mon analyse « opérationnelle » est la suivante.
    Il nous faut je crois considérer que la « submersion », inéluctable sans doute (cf. N. Sarkozy), est devant nous ; et qu’à cet égard, ne rien faire serait (est ?) criminel. L’essentiel étant de préserver contre vents et marées notre civilisation, notre mode de vie, notre mémoire commune (cf. Ph de V).
    Il convient donc de sérier les sujets : le stock et les flux ; et de se donner les moyens de maintenir un certain équilibre.
    Le stock : il est déjà bien conséquent et ses effets sur notre civilisation bien visibles à ceux qui ouvrent les yeux. L’intégration est sans doute nécessaire à défaut de possibilité d’assimilation. Mais la difficulté est grande du fait de la posture islamo-gauchiste de nombre de nos élites politiques… Il appartient donc à nos élus d’ouvrir ce vaste chantier d’acculturation des migrants étrangers déjà là, et cela passe par l’éducation, la formation, et l’emploi… Avec un effort associé de lutte résolue contre les tentatives d’islamisation en cours (cf. « Le frèrisme et ses réseaux » de Florence Bergeaud)
    Concernant les flux, le vital est de les maîtriser, donc de les freiner, de les différencier selon la réalité de leur nature (réfugiés ou non). A cet égard, l’action contre les trafics en tout genre et les ONG complices financés par la bande à Sorros est primordiale. Certains évoquent un blocus maritime ; est-ce réaliste, réalisable, possible ? Quant à l’accueil des malheureux, le droit de la mer est applicable, en dehors de toute notion morale. Et il est bien fait.
    La garantie de l’équilibre souhaitable passe enfin par un effort d’investissement européen sans pareil en Afrique, afin de permettre à ces pays, 70 ans après la décolonisation (!) d’accéder à une véritable autonomie et à un vrai développement… et d’éviter, pour autant que cela demeure possible, le déversement de leur substance vitale en Europe.
    Cela passe aussi sans aucun doute par une politique démographique et donc familiale résolue ( cf. Orban).
    Ce n’est pas gagné ! Jean Raspail avait décidément fait preuve d’une véritable prescienc
    e en écrivant « le camp des saints » !!!
    CR

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