dimanche 12 novembre 2023

LES MOTS DU PRESIDENT: LE DANGEREUX UNIVERSALISME MACRONIEN!

Les mots ne peuvent pas tout. Mal employés ou utilisés de manière inappropriée ils ajoutent à la confusion. Notre Président de la République parle beaucoup; trop. S’il s’exprime bien, ses paroles me semblent souvent relever de l’empilage stylistique et idéologique. Il a bien parlé ... mais qu'a-t-il dit?


Ces derniers jours en ont fourni de nouvelles illustrations sur le dramatique sujet de l'antisémitisme. Je vous propose d’analyser certaines propositions de sa lettre aux français de ce jour, ainsi que des deux discours qu'il vient de prononcer, le premier devant le Grand Orient de France à l'occasion de son 250e anniversaire et le second devant la flamme du soldat inconnu à l'occasion des célébrations du 11 novembre.

Respectons la chronologie et commençons par le premier. Au sujet de l'antisémitisme le président a critiqué ceux qui selon lui « ... prétendent soutenir les juifs en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs. » La droite était visée. C’est un slogan. Mais en quoi y a-t-il à droite une confusion entre le soutien des juifs et le rejet des musulmans ? Cette confusion n’est soulignée que pour « cliver » en anathémisant. Il y a un antisémitisme musulman de la part des islamistes et du Hamas ; c’est une évidence. Il y a en réponse un rejet de l'islamisme et de son antisémitisme. Les actions menées contre l'expansionnisme musulman islamique au sein de notre nation ne le sont pas au nom du soutien des juifs et de l'antisémitisme voire à leur occasion. Poursuivons. Il n’y a selon notre Président « Pas d’antisémitisme possible sans un réel universalisme qui est de voir dans chaque citoyen un être de droit et de devoir appartenant totalement à la république et la nation. » L'universalisme est effectivement le moyen de combattre l'antisémitisme comme le racisme. La meilleure illustration et la plus ancienne à ma connaissance en a été donnée par Saint Paul avec son fameux « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Galates 3-28). Mais le président de la République nous propose un universalisme d'une autre nature puisqu'il résiderait dans le fait de voir dans chaque citoyen un être appartenant à la République et la nation. Oui la nation peut être un commun supérieur à l'être humain dans lequel celui-ci puisse s'identifier en même temps qu'il y trouve les moyens de s'épanouir personnellement ; toutefois l’être humain « n’appartient pas » à la Nation même si cette dernière peut le contraindre dans certaines circonstances. À ce titre la nation peut être un relais de l'universalisme. Mais là l’idéologie présidentielle blesse une deuxième fois lorsqu'il demande aux citoyens d'appartenir à la République. Il est bien entendu qu'il ne s'agit pas de nous demander d'appartenir à un régime politique mais à des valeurs, les fameuses valeurs républicaines. Et n'oublions pas que ce discours fut prononcé devant le Grand Orient de France qui s'est illustré dans la défense et l'incarnation des valeurs issues des lumières qui précisément étaient une négation des valeurs chrétiennes et catholiques qui structuraient l'universalisme proclamé par Saint Paul. Donc l’idée de l’universalisme est juste mais son contenu est inacceptable et sans pertinence.

Venons-en au discours prononcé le 11 novembre, éloge du soldat inconnu, de tous les soldats inconnus morts pour la France puisqu'aujourd'hui le 11 novembre ne se limite plus à la célébration des morts de la guerre de 14-18. Je n'ai rien à y enlever. En revanche j'aimerais y ajouter quelque chose qui me semble manquer. Voilà qui va nous ramener au discours de la veille. Pourquoi les soldats de 14-18 sont-ils tombés ? Pour défendre la patrie et la nation qui étaient attaquées et menacées dans leur intégrité. Les autres morts pour la France sont également tombés au nom de ce même patriotisme. L'héroïcité de nos militaires les laisse libres et ne les a toutefois jamais fait appartenir à la Nation pour laquelle ils ont offert le sacrifice de leurs vies. La France est un relais de l'universalisme sans lequel les êtres humains ne peuvent pas s'épanouir car il faut qu'il y ait un cadre dans lequel il soit possible de dire avec Saint Paul « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ ». Or nos militaires ne puisent pas l'héroïcité des vertus de leur engagement dans le cadre républicain mais dans cette réalité charnelle et patriotique que constitue la nation France. La nation se nourrit d’un récit commun, de références historiques et culturelles partagées. C'est précisément ce que contestent les islamistes puisque ces derniers se battent pour faire triompher l'oumma qui doit dépasser les nations et qui en nie l'existence. Les islamistes combattent la France de la même manière qu'ils combattent les juifs.

Ainsi donc l'universalisme prôné par notre président de la République doit-il s'incarner réellement dans la France à charge pour nous de lui donner une consistance et un contenu véritables, sans avoir la prétention très révolutionnaire au demeurant de s’approprier les citoyens. Or aujourd'hui La France ne constitue plus concrètement le cadre dans lequel les êtres humains qui vivent sur son sol peuvent puiser les vertus de l'universalisme.

Le même thème revient dans la lettre aux français publiée aujourd’hui.

« La défense de l’universalisme. Cette idée fondamentale qu’il n’y a pas de communautés, seulement des citoyens égaux à des citoyens. Des vies qui valent d’autres vies. Ainsi parle la France dès qu’il s’agit de porter un message d’humanité. Et sur ce chemin, dans les moments que nous vivons, rien ne doit nous diviser. La France doit rester unie derrière ses valeurs, son universalisme, unie pour elle-même, pour porter son projet et œuvrer à la paix et la sécurité de tous au Proche-Orient ».

En savons-nous plus sur l’universalisme selon Emmanuel Macron ? Il y a trois idées qui le structurent :

  • Pas de communautés.
  • Des citoyens égaux.
  • L’unité de la nation.

Comment peut-on fonder l’universalisme sur ce triptyque ? En fait c’est l’expression du slogan républicain dont nous constatons l’insuffisance et la faiblesse. Car si depuis près de 10 ans et même plus…, nos responsables politiques sont obligés régulièrement d’en appeler à manifester pour sauver l’unité de la nation c’est bien que nous échouons….

L'erreur fondamentale est dans le rejet des communautés qu'il faut bien distinguer du rejet des communautarismes.

Reprenant les termes de l’encyclique « Redemptor hominis » de SS Jean-Paul II le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise catholique s'exprime en ces termes : « l'homme requiert d'être approché dans la pleine vérité de son existence, de son être personnel et en même temps de son être communautaire et social ». Il y est encore écrit que « la reconnaissance de l'égale dignité de chaque homme et de chaque peuple doit correspondre à la conscience que la dignité humaine ne pourra être protégée et favorisée que sous une forme communautaire, par l'humanité tout entière ».

La négation des communautés est purement idéologique. Proclamée au nom de l'égalité entre les citoyens elle consiste en fait à plaquer un rêve idéologique irréalisable - celui d'égalité parfaite - sur une condition humaine diverse et ancrée dans des communautés diverses et variées.

L'art politique consiste précisément à faire se développer les communautés au sein du creuset national avec ses différents corps intermédiaires. Recherche d'un équilibre, de multiples équilibres même, afin d'assurer la paix entre les hommes et de leur donner les moyens de s'épanouir.

Ce n'est que par cette voie que peut être atteint le véritable universalisme dont il n'y a pas eu de plus belle proclamation que celle de Saint Paul à laquelle j'ai fait référence.

Il demeure néanmoins que dans sa lettre aux Français le président de la République n'a pas répété l'erreur initiale à nouveau commise par sa Première ministre et consistant à entretenir la guérilla politicienne autour des participations à la manifestation contre l'antisémitisme. Il a heureusement salué sans discrimination ni distinction tous ceux qui participeraient à cette manifestation. Dont acte ! Espérons qu'il en sera toujours ainsi …

Il reste pour conclure à retenir trois erreurs du discours officiel de notre Etat :

  • L’amalgame dangereux de toute défense de l’intégrité française avec une forme de discrimination assimilée à l’antisémitisme,
  • Une conception de la dignité humaine au rabais qui fait du citoyen la propriété de la Nation
  • La volonté de faire disparaître sous prétexte de communautarisme les communautés sociales, culturelles, religieuses et politiques naturelles indispensables à la paix civile comme à l’épanouissement des personnes.  

 

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