Citrouilles, toiles d'araignée, enfants grimés en fantômes ou en sorcières, croix ostensiblement portées à l'envers …, la fête d'Halloween nous abreuve en images volontairement horribles, laides et pour certaines sataniques.
Le débat.
Quel sens faut-il lui donner ? Faut-il n'en point
donner ? C'est en partie le sens de la réaction de bon nombre de parents
de bonnes familles considérant qu'il ne faut pas voir le mal partout et qu’au
fond ce n'est que l'occasion pour les enfants de s'amuser et de faire la fête.
Certes. Mais pourquoi leur faire faire la fête sur cette thématique ? Telle est La question qu'il faut se poser ; et elle n'est ni anodine ni
neutre. Elle est même révélatrice de notre crise culturelle et spirituelle, sur fond de
laïcité dévoyée.
Le sens originaire d’Halloween.
Pour comprendre Halloween, il faut revenir à son origine :
Samain, une fête celtique vieille de plus de deux millénaires. Les peuples
celtes, notamment en Irlande et en Écosse, divisaient l’année en deux saisons :
la lumière et l’obscurité. Samhain marquait le
passage à la saison sombre, entre la vie et la mort. Les Celtes croyaient que
cette nuit-là les esprits des morts revenaient visiter les vivants. On allumait
des feux pour éloigner les forces mauvaises, on portait des masques pour se
protéger, on offrait des nourritures aux âmes errantes. C’était une fête à la
fois cosmique et spirituelle : célébration du cycle naturel de la vie, du temps
et de la mort. Le sacré y était présent, la nature était divinisée,
mais sans transcendance. Un paganisme.
La christianisation d’Halloween.
Dans son œuvre de christianisation, l'Eglise catholique n'a pas aboli cette fête païenne. Elle l'a progressivement transformée, le pape Grégoire III décidant au 8e siècle de fixer la date de la fête de la Toussaint le premier novembre c'est à dire le lendemain de Samhain. Et l'Eglise ajouta même le lendemain la fête de tous les morts, reprenant ainsi à son compte la dualité que l'on retrouvait dans la fête païenne. Les instructions du pape Grégoire aux missionnaires en Angleterre étaient très claires : : « Ne détruisez pas les temples des païens, mais purifiez-les avec de l’eau bénite et placez-y des autels : que les hommes adorent le vrai Dieu dans les lieux mêmes où ils adoraient l’erreur. ». Ce que l’Église fit, c’est ce qu’Elle a toujours su faire avec intelligence spirituelle : convertir sans détruire ni effacer et apporter la transcendance.
Les feux de Samhain devinrent les lumières des prières, les offrandes
aux esprits devinrent des aumônes pour les âmes du purgatoire, et la peur des
morts fut remplacée par l’espérance de la résurrection.
Le retour d’Halloween.
La nouvelle célébration de la fête d'Halloween nous est venue
des États-Unis dans les années 1990. Son introduction en France correspond d'ailleurs à
la création du parc Disney à Paris. Il s'est agi d'une opération de nature
commerciale et culturelle, mais inspirée par un mouvement général de retour du paganisme et de ses pratiques. Elle est une célébration
du cycle de la mort, de la peur du noir, de l'exaltation du masque, de la fascination pour
l’au-delà. Dans notre contexte laïque, pluraliste et sécularisé, Halloween est un
rituel collectif de la peur maîtrisée et de la transgression ludique.
Même si les enfants ne savent pas le sens de ce qu'ils célèbrent ainsi,
pas plus d'ailleurs apparemment que leurs parents qui n'hésitent pas eux aussi à
se grimer et se costumer, Halloween a un sens et une portée. Les enfants ne peuvent qu’être marqués et
influencés par les images qu'ils voient, les personnages qu'on leur fait
incarner, les peurs qu'on leur fait éprouver. Avec ce type de célébration
nous sommes objectivement dans l'ordre du symbolique. L’ésotérisme, l’horreur,
la sorcellerie, la monstruosité et la peur laissent des traces dans les esprits
et les cœurs. Le paganisme n’est pas neutre; il divinise les passions et les craintes humaines; il a ses temples, ses adorateurs, ses prêtres et ses victimes !
Le paganisme d’Halloween.
Pour l'Eglise catholique le retour du paganisme chez des populations
converties est un mélange d’aspiration et de séduction démoniaques. Cette
tension apparaît déjà chez saint Paul, lorsqu’il écrit aux Romains : « Ce qu’on
peut connaître de Dieu est manifeste pour eux ; Dieu le leur a fait connaître.
(…) Mais, s’étant égarés dans leurs raisonnements, ils ont rendu un culte à la
créature plutôt qu’au Créateur. » (Romains 1, 19–25). Chez Saint Justin : «
Les démons ont imité les choses dites par les prophètes, afin d’entraîner les
hommes dans l’erreur. » (Apologie, 54). Chez Saint Augustin : « Les démons
se sont fait passer pour des dieux, exigeant des honneurs dus à Dieu seul. » (Civ.
Dei, IX, 23). Chez Saint Thomas d’Aquin : « Les démons ont voulu se faire
adorer comme dieux. » (Somme théologique, II-II, q. 94, a. 4). Et dans les actes du Concile Vatican II :
« L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces
religions. » (Nostra Aetate, 2) et : « Cependant, les hommes, abusés par le
malin, se sont fourvoyés dans leurs pensées et ont servi la créature plutôt que
le Créateur. » (Lumen Gentium, 16).
On peut prolonger cette analyse avec le Cardinal Ratzinger (Pape
Benoit XVI) qui fut très clair : « Le démonique est aujourd’hui dilué dans la
banalité du mal. Il n’a plus besoin de s’opposer à Dieu : il suffit qu’on
l’oublie. » « Le démonique aujourd’hui n’est plus la tentation d’un autre dieu,
mais l’oubli de Dieu. » (Entretien sur la foi, 1985) qui en cela rejoint St
Augustin “Le mal n’est rien d’autre que l’amour désordonné ; l’âme déchue aime
ce qui passe plus que ce qui demeure.” (De Civitate Dei, XIV, 28) et St Jean
Chrysostome “Le diable ne rit pas du bien ; il rit de ceux qui s’en moquent.”
(Homélies sur Matthieu, 43, 3).
Concluons sur ce point avec le philosophe Rémi Brague, «
l’homme postchrétien ne croit plus au ciel, mais il sent qu’il lui manque
quelque chose ; il réinvente des rites pour conjurer le vide » (Sur la
religion, Flammarion, 2018). Il s’agit donc bien de substituer une autre religion à la religion catholique par ailleurs en perte de vitesse,
c’est-à-dire de rentrer dans le combat de Satan contre le Christ… Car depuis
20 siècles tel est le combat explicite ou implicite auquel nous assistons et
participons.
Les leçons.
Halloween a « fait son beurre » de la désespérance
et du repli du catholicisme, c’est-à-dire de la victoire de fait du démon
contre Jésus-Christ. Les participants à cette célébration ne sont néanmoins pas des
adeptes d’une secte satanique voire de son paganisme objectif. Ils en
sont les victimes ou les idiots utiles, tant est grande l’ignorance de ce qu’est
la religion catholique. Il nous revient de réaffirmer la christianisation d’un
monde et d’une société païennes plus que laïques. A cet égard Halloween confirme
que la laïcité, qui la reconnait comme respectant ses codes républicains, est en
réalité anti-chrétienne ; j’en veux pour preuve les publicités pour
Halloween que l’on refuse au Christianisme. Les masques tombent ….
Il faut réenchanter le monde. Or ce n’est pas avec des
monstres, des sorcières et de l’horreur que l’on parviendra à ce réenchantement !
Le christianisme doit retrouver la pratique de sa spiritualité vivante, de la joie de la foi. Il doit savoir
opposer la vie à la mort et à sa célébration. Pour cela il Lui revient de ne
plus avoir honte, et de ne pas douter de ce qui constitue le cœur de l’Eglise
catholique. Célébrons la vie!
Au fond Halloween n’est que le révélateur de nos doutes, de
nos peurs et de nos angoisses.

1/ Toutes les modes voire les dérives made in USA traversent l’Atlantique.
RépondreSupprimer2/ Certain retour à la raison en cours chez notre ami Mickey Mouse finira sans doute par nous atteindre aussi (opération anti-wokisme…).
Oserai-je conclure en disant : « La messe n’est pas dite » ?
CR
Tout simplement : ce n'est pas ,comme vous l'analysez une démarche qui aurait une profondeur spirituelle, mais une tentacule de plus de la pieuvre marketing ,pour abêtir les enfants et infantiler les parents
RépondreSupprimerManipuler pour asservir ,encore et encore...