dimanche 2 novembre 2025

"HALLOWEEN": QUEL SENS ?

Citrouilles, toiles d'araignée, enfants grimés en fantômes ou en sorcières, croix ostensiblement portées à l'envers …, la fête d'Halloween nous abreuve en images volontairement horribles, laides et pour certaines sataniques.

 



Le débat.

Quel sens faut-il lui donner ? Faut-il n'en point donner ? C'est en partie le sens de la réaction de bon nombre de parents de bonnes familles considérant qu'il ne faut pas voir le mal partout et qu’au fond ce n'est que l'occasion pour les enfants de s'amuser et de faire la fête. Certes. Mais pourquoi leur faire faire la fête sur cette thématique ? Telle est La question qu'il faut se poser ; et elle n'est ni anodine ni neutre. Elle est même révélatrice de notre crise culturelle et spirituelle, sur fond de laïcité dévoyée.

 

Le sens originaire d’Halloween.

Pour comprendre Halloween, il faut revenir à son origine : Samain, une fête celtique vieille de plus de deux millénaires. Les peuples celtes, notamment en Irlande et en Écosse, divisaient l’année en deux saisons : la lumière et l’obscurité. Samhain marquait le passage à la saison sombre, entre la vie et la mort. Les Celtes croyaient que cette nuit-là les esprits des morts revenaient visiter les vivants. On allumait des feux pour éloigner les forces mauvaises, on portait des masques pour se protéger, on offrait des nourritures aux âmes errantes. C’était une fête à la fois cosmique et spirituelle : célébration du cycle naturel de la vie, du temps et de la mort. Le sacré y était présent, la nature était divinisée, mais sans transcendance. Un paganisme.

 

La christianisation d’Halloween.

Dans son œuvre de christianisation, l'Eglise catholique n'a pas aboli cette fête païenne. Elle l'a progressivement transformée, le pape Grégoire III décidant au 8e siècle de fixer la date de la fête de la Toussaint le premier novembre c'est à dire le lendemain de Samhain. Et l'Eglise ajouta même le lendemain la fête de tous les morts, reprenant ainsi à son compte la dualité que l'on retrouvait dans la fête païenne. Les instructions du pape Grégoire aux missionnaires en Angleterre étaient très claires : : « Ne détruisez pas les temples des païens, mais purifiez-les avec de l’eau bénite et placez-y des autels : que les hommes adorent le vrai Dieu dans les lieux mêmes où ils adoraient l’erreur. ». Ce que l’Église fit, c’est ce qu’Elle a toujours su faire avec intelligence spirituelle : convertir sans détruire ni effacer et apporter la transcendance. 

Les feux de Samhain devinrent les lumières des prières, les offrandes aux esprits devinrent des aumônes pour les âmes du purgatoire, et la peur des morts fut remplacée par l’espérance de la résurrection.

 

Le retour d’Halloween.

La nouvelle célébration de la fête d'Halloween nous est venue des États-Unis dans les années 1990. Son introduction en France correspond d'ailleurs à la création du parc Disney à Paris. Il s'est agi d'une opération de nature commerciale et culturelle, mais inspirée par un mouvement général de retour du paganisme et de ses pratiques. Elle est une célébration du cycle de la mort, de la peur du noir, de l'exaltation du masque, de la fascination pour l’au-delà. Dans notre contexte laïque, pluraliste et sécularisé, Halloween est un rituel collectif de la peur maîtrisée et de la transgression ludique.

Même si les enfants ne savent pas le sens de ce qu'ils célèbrent ainsi, pas plus d'ailleurs apparemment que leurs parents qui n'hésitent pas eux aussi à se grimer et se costumer, Halloween a un sens et une portée. Les enfants ne peuvent qu’être marqués et influencés par les images qu'ils voient, les personnages qu'on leur fait incarner, les peurs qu'on leur fait éprouver. Avec ce type de célébration nous sommes objectivement dans l'ordre du symbolique. L’ésotérisme, l’horreur, la sorcellerie, la monstruosité et la peur laissent des traces dans les esprits et les cœurs. Le paganisme n’est pas neutre; il divinise les passions et les craintes humaines; il a ses temples, ses adorateurs, ses prêtres et ses victimes !

 

 

Le paganisme d’Halloween.

Pour l'Eglise catholique le retour du paganisme chez des populations converties est un mélange d’aspiration et de séduction démoniaques. Cette tension apparaît déjà chez saint Paul, lorsqu’il écrit aux Romains : « Ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux ; Dieu le leur a fait connaître. (…) Mais, s’étant égarés dans leurs raisonnements, ils ont rendu un culte à la créature plutôt qu’au Créateur. » (Romains 1, 19–25). Chez Saint Justin : « Les démons ont imité les choses dites par les prophètes, afin d’entraîner les hommes dans l’erreur. » (Apologie, 54). Chez Saint Augustin : « Les démons se sont fait passer pour des dieux, exigeant des honneurs dus à Dieu seul. » (Civ. Dei, IX, 23). Chez Saint Thomas d’Aquin : « Les démons ont voulu se faire adorer comme dieux. » (Somme théologique, II-II, q. 94, a. 4).  Et dans les actes du Concile Vatican II : « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. » (Nostra Aetate, 2) et : « Cependant, les hommes, abusés par le malin, se sont fourvoyés dans leurs pensées et ont servi la créature plutôt que le Créateur. » (Lumen Gentium, 16).

On peut prolonger cette analyse avec le Cardinal Ratzinger (Pape Benoit XVI) qui fut très clair : « Le démonique est aujourd’hui dilué dans la banalité du mal. Il n’a plus besoin de s’opposer à Dieu : il suffit qu’on l’oublie. » « Le démonique aujourd’hui n’est plus la tentation d’un autre dieu, mais l’oubli de Dieu. » (Entretien sur la foi, 1985) qui en cela rejoint St Augustin “Le mal n’est rien d’autre que l’amour désordonné ; l’âme déchue aime ce qui passe plus que ce qui demeure.” (De Civitate Dei, XIV, 28) et St Jean Chrysostome “Le diable ne rit pas du bien ; il rit de ceux qui s’en moquent.” (Homélies sur Matthieu, 43, 3).

Concluons sur ce point avec le philosophe Rémi Brague, « l’homme postchrétien ne croit plus au ciel, mais il sent qu’il lui manque quelque chose ; il réinvente des rites pour conjurer le vide » (Sur la religion, Flammarion, 2018). Il s’agit donc bien de substituer une autre religion à la religion catholique par ailleurs en perte de vitesse, c’est-à-dire de rentrer dans le combat de Satan contre le Christ… Car depuis 20 siècles tel est le combat explicite ou implicite auquel nous assistons et participons.

 

Les leçons.

Halloween a « fait son beurre » de la désespérance et du repli du catholicisme, c’est-à-dire de la victoire de fait du démon contre Jésus-Christ. Les participants à cette célébration ne sont néanmoins pas des adeptes d’une secte satanique voire de son paganisme objectif. Ils en sont les victimes ou les idiots utiles, tant est grande l’ignorance de ce qu’est la religion catholique. Il nous revient de réaffirmer la christianisation d’un monde et d’une société païennes plus que laïques. A cet égard Halloween confirme que la laïcité, qui la reconnait comme respectant ses codes républicains, est en réalité anti-chrétienne ; j’en veux pour preuve les publicités pour Halloween que l’on refuse au Christianisme. Les masques tombent ….

Il faut réenchanter le monde. Or ce n’est pas avec des monstres, des sorcières et de l’horreur que l’on parviendra à ce réenchantement !

Le christianisme doit retrouver la pratique de sa spiritualité vivante, de la joie de la foi. Il doit savoir opposer la vie à la mort et à sa célébration. Pour cela il Lui revient de ne plus avoir honte, et de ne pas douter de ce qui constitue le cœur de l’Eglise catholique. Célébrons la vie! Face à la production de la terre sté­rile, qui n'est faite que de larmes et de sang, opposons celle de la terre féconde, où l’on moissonne gerbes d’amour et de vie.

Au fond Halloween n’est que le révélateur de nos doutes, de nos peurs et de nos angoisses.

 

 

 

 

 

2 commentaires:

  1. 1/ Toutes les modes voire les dérives made in USA traversent l’Atlantique.
    2/ Certain retour à la raison en cours chez notre ami Mickey Mouse finira sans doute par nous atteindre aussi (opération anti-wokisme…).
    Oserai-je conclure en disant : « La messe n’est pas dite » ?
    CR

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  2. Tout simplement : ce n'est pas ,comme vous l'analysez une démarche qui aurait une profondeur spirituelle, mais une tentacule de plus de la pieuvre marketing ,pour abêtir les enfants et infantiler les parents
    Manipuler pour asservir ,encore et encore...

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