dimanche 5 octobre 2025

DERRIERE LA CACOPHONIE, L'UNANIMISME CONFORMISTE IMPOSE PAR L'ETAT PROFOND.

Les nominations gouvernementales de ce soir et les réactions qu’elle suscitent y compris chez les ministres nommés - un vaudeville!- ont des airs d’une fin d’époque qui se rapproche à grande vitesse. Messieurs Macron et Lecornu inventent le concept de la rupture dans la continuité. L’avenir est de plus en plus incertain. Pas de commentaires. J’avais prévu d’évoquer l’unanimisme que l’état profond toujours à la manœuvre tente de nous imposer comme une évidence. C'est toujours d'actualité. Derrière la cacophonie l'unanimisme de l'état profond est toujours à l'œuvre …



En cette fin d’époque, nous sommes en effet confrontés à une urgence vitale essentielle: repousser cet unanimisme, véritable conditionnement qui confond consentement et résignation, alors même qu’il échoue sous ses formes médiatiques, idéologiques et éducatives.

Il ne suffit pas d’écouter Europe 1 dans sa voiture ou de regarder CNews depuis son fauteuil. Il faut prendre son destin en mains concrètement et agir en « étant », sans se contenter du processus démocratique malheureusement faussé précisément par cette doxa souterraine.

Au risque de me répéter l’enjeu est de dire concrètement non au mensonge. Alexandre Soljenitsyne, dans son appel fameux Vivre sans mentir (1974), exhortait chacun à refuser la compromission, même minime, qui alimente un système totalitaire. Or nous n’avons pas écouté cet avertissement. Comme l’ont constaté avec stupeur les dissidents de l’Est, nous avons accepté de troquer la liberté contre une servitude volontaire, faite de lâcheté et de conformisme.

LE PIEGE DU MENSONGE ORGANISE

Une culture du faux

Les signes sont multiples : wokisme, antiracisme devenu racisme inversé, idéologies de confection. Mais tous relèvent d’un même tronc commun : la culture du faux. Ce faux ne se contente pas de falsifier des faits ; il inverse le réel.

Hannah Arendt, dans Vérité et politique, avait déjà averti : la vérité factuelle est fragile, parce qu’elle peut toujours être remplacée par une fiction plus séduisante, plus conforme à l’idéologie dominante. La tâche du mensonge organisé n’est pas de convaincre, mais de fatiguer, d’épuiser la résistance, jusqu’à ce que l’évidence devienne imprononçable.

Joseph Pieper, dans son petit livre incisif Abus de langage, abus de pouvoir, montre comment la corruption des mots conduit à la corruption de la réalité elle-même. Les mots ne nomment plus ce qui est, mais imposent ce qui doit être pensé. Nous passons d’un langage révélateur à un langage manipulateur.

Le renoncement au réel

Pierre Valentin conclue son remarquable essai sur le wokisme en stigmatisant une « révolution qui possède pour négation son accomplissement, pour anéantissement son but, pour fin sa fin ». Au fil de ses analyses il évoque non sans humour la paralysie d’un intellectuel conformiste face à un homme blanc chantre du wokisme lui affirmant « mais je ne suis pas un homme, monsieur » ; puis « je ne suis pas blanc, monsieur » !

Nous en sommes là ! Et ce ne sont a priori ni la prochaine dissolution de l’Assemblée nationale ni un nouveau président de la République qui remettront en cause cet unanimisme consensuel et conformiste.

Or nous ne nous révoltons pas et quand nous sommes à notre tour confrontés à « ubu » - despote cynique, cruel, stupide, cupide, mesquin et vulgaire- nous manquons d’arguments et surtout de détermination pour affirmer comme Parménide que : "Ce qui est, est ; ce qui n'est pas, n'est pas.". Nous manquons aussi de l’aptitude à l’émerveillement devant le réel sans lesquels « ubu » resterait un illuminé, un fou ou un imbécile.

Benoît XVI, dans son discours au Bundestag en 2011, rappelait que le politique et le droit doivent s’enraciner dans le réel et dans la raison naturelle. La vérité ne se fabrique pas, elle se découvre. Or nous préférons désormais des constructions arbitraires, fictions idéologiques qui anesthésient le jugement.

LES SYMPTOMES CONTEMPORAINS

La justice instrumentalisée

La justice est l’un des premiers lieux où se manifeste cette dérive conformiste. Non que la magistrature soit entièrement idéologisée, mais parce qu’une minorité militante entraîne une majorité silencieuse. Beaucoup de magistrats savent discerner le vrai du faux, le juste de l’injuste, mais n’osent plus le dire et juger en fonction de cela, par peur d’être accusés de conservatisme, d’archaïsme, voire de complicité. La justice se transforme en instrument de conformisme.

Vaclav Havel, dans Le pouvoir des sans-pouvoir, avait souligné que lorsque le droit est colonisé par l’idéologie, il perd toute crédibilité.

L’éducation sous influence

L’éducation, au lieu de transmettre la vérité, se fait relais de l’idéologie. L’école n’est pas faite pour formater, mais pour transmettre. Jean-Paul II, dans Fides et ratio, insistait : la mission éducative consiste à conduire vers la vérité, non à flatter des opinions passagères. L’Éducation nationale est devenue un champ d’expérimentation idéologique.

Mais l’exemple caricatural de cette dictature idéologique est que l’enseignement catholique lui-même renonce à sa mission. Bvoltaire se fait l’écho de L’école Sainte-Marie de Neuilly qui « se couche devant Mediapart et vire une prof qui a été dénoncée comme étant d’extrême droite alors qu’une autre objectivement d’extrême gauche continue d’y enseigner ! Et que dire du scandale provoqué par les déclarations du secrétaire général de l’enseignement catholique, Guillaume Prévost, qui lors de sa conférence de rentrée le 23 septembre, a affirmé que les enseignants du privé sous contrat pouvaient proposer une prière aux élèves ? Combien vont le faire ? Car c’est une évidence que dans une école catholique il doit y avoir la place pour la prière !

Les médias, fabriques du consensus

Le rôle des médias est central dans cette mécanique. Le problème n’est pas qu’ils informent, mais qu’ils fabriquent le récit unanimiste et conformiste. L’information brute est remplacée par une dramaturgie permanente, qui définit les bons et les mauvais, les modernes et les réactionnaires.

Noam Chomsky, dans Manufacturing Consent, avait analysé ce processus : les médias dominants ne cherchent pas la vérité, mais produisent du consentement. Leur fonction n’est pas d’éclairer le citoyen, mais de rendre pensable seulement ce qui est conforme à l’idéologie dominante.

LES RACINES SPIRITUELLES DE LA CRISE

La lâcheté devant la vérité

Cette crise est d’abord une crise de courage. Nous préférons la servitude confortable au risque de la liberté et du courage. Christopher Lasch, dans La révolte des élites, avait déjà décrit cette fuite : les élites, au lieu d’assumer le réel, s’enferment dans des idéologies abstraites, laissant le peuple désarmé.

Le Christ nous rappelle pourtant dans l’Évangile de Jean (8,32) : « La vérité vous rendra libres. » Or, faute d’accepter cette exigence, nous restons prisonniers du mensonge, prisonniers de nos peurs.

CONCLUSION : RETROUVER LE COURAGE DU REEL

Nous vivons un moment critique : le réel est nié par certains et abandonné par d’autres. La tâche la plus urgente n’est pas d’inventer une idéologie alternative, mais de redécouvrir le courage du réel.

Cela suppose de retrouver la lucidité d’Arendt, le courage de Soljenitsyne, la profondeur de Guardini, l’espérance de Jean-Paul II. Cela suppose aussi, très concrètement, de ne plus céder à l’unanimisme médiatique, de défendre une justice qui juge en droit, de refuser une école qui abdique devant la peur du qu’en-dira-t-on.

Surtout, cela suppose de retrouver la capacité d’émerveillement devant ce qui est. Car sans émerveillement, nous ne voyons plus le réel comme un don, mais comme une matière à manipuler. Et alors « Ubu » n’est plus ridicule : il devient notre maître.

Redisons donc avec Soljenitsyne : « Ne vivons pas dans le mensonge ». Même si nous sommes minoritaires, ce refus est déjà une victoire. La liberté commence par là.

C’est ce dont nous allons avoir le plus besoin alors que l’avenir s’annonce incertain et que la bataille va faire rage l’état profond n’étant pas prêt à lâcher le pouvoir par lequel il nous anesthésie.

 

 

 

 

 

 

  

1 commentaire:

  1. Simone Weil (L’enracinement) : « Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu'à l'avenir. C'est une illusion dangereuse de croire qu'il y ait même là une possibilité. L'opposition entre l'avenir et le passé est absurde. L'avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien; c'est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder, et nous ne possédons d'autre vie, d'autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l'âme humaine, il n'y en a pas de plus vital que le passé. »
    CR

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